De la série Ces parts d’ombres, Richard BAILLARGEON
De la série Ces parts d’ombres
Impressions au jet d’encre
63,5 cm x 281 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Des considérations pour le regard et le déplacement sont au cœur des œuvres de Richard Baillargeon. À l’aide de photographies et de textes, il explore notre rapport au monde dans sa fragilité et sa précarité. En résulte ainsi des récits ouverts à l’interprétation de chacun. Richard Baillargeon prélève ses images dans l’ailleurs.
Les œuvres présentées ici appartiennent à la série Ces parts d’ombre que l’artiste a réalisée lors d’une résidence à New Delhi en 2013. La série compte en tout une cinquantaine d’images et une dizaine de courts textes. Elle traite de la perte de repères et des rencontres associées à ce voyage. Les œuvres de Richard Baillargeon prennent vie en deux temps : premièrement, au moment même où l’image est captée, puis dans un exercice de mémoire où l’artiste puise dans ses souvenirs pour y associer des mots et des images.
Origine, Emmanuelle BRETON
Origine
Estampe sur papier BFK Rives
9,5 cm x 14 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Habitée par le respect des écosystèmes et des valeurs d’équité entre les sexes, Emmanuelle Breton décrit sa pratique comme étant écoféministe. Elle crée, à partir de la linogravure, des œuvres poétiques avec des objets du quotidien.
Issue de la série Résignées oubliées, Origine est réalisée lors du Sommet des Amériques, qui a eu lieu à Québec en 2001. À ce moment en résidence chez Engramme, non loin des manifestations, l’artiste est profondément affectée par ce qu’elle y voit. Lors de cette période de travail, elle s’accoutume même à l’odeur des gaz lacrymogènes. Elle développe à ce moment des sentiments étranges, négatifs. Cette sensibilité nouvelle est visible dans sa série, qui s’inscrit dans un esprit critique de la société. Chaque élément de son œuvre vient souligner des enjeux soulevés lors des manifestations du Sommet des Amériques : exploitation des travailleurs, crise climatique, etc. Par exemple, la pièce de monnaie, imprimée au centre de la composition, représente non seulement l’argent, mais aussi la femme comme allégorie de nos sociétés, dans lesquelles richesse et pauvreté sont voisines. Ici, un discours sur l’oubli des faibles par les pays riches prend forme.
Tissage B, Variation I avec fantôme, Anie TOOLE
Tissage B, Variation I avec fantôme
Terre de sienne sur papier Saint-Armand fait de fibres d’abaca et de coton
101,6 cm x 76,2 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Artiste qui se revendique avant tout du textile, Anie Toole se démarque par une approche à la fois cartésienne et sensible. L’œuvre a été créée en suivant une panoplie d’étapes, fidèle à la méthode habituelle de l’artiste.
Dans un premier temps, Toole fait une aquarelle qui sert d’esquisse pour la composition à venir. Par la suite, cette esquisse est numérisée et travaillée dans un logiciel, ce qui lui permet d’élaborer les structures qu’elle tissera au métier Jacquard. Son travail du textile est à la fois manuel et numérique : c’est le métier qui contrôle la levée des fils, mais le passage des navettes se fait à la main. Lorsque le tissage est terminé, l’artiste le recouvre d’encre faite de pigments naturels mélangés à de l’huile, avant de le passer sous la presse afin d’en tirer des impressions uniques (monotypes) ainsi que des fantômes. Dans son processus de création, elle place de manière différente le tissu, le troue, le plie, ce qui use le tissage au fur et à mesure des passages dans la presse. Ainsi, elle crée des variations d’un même objet, qui, d’une impression à l’autre, évolue, jusqu’à devenir inutilisable. Les œuvres de l’artiste sont aussi pour elle une façon de mettre en image la réalité multilingue dans laquelle elle évolue. Toole met en matérialité son langage artistique, transposé sur l’agencement de fils de la même manière que l’on construit une phrase, un texte. Une ligne à la fois.
Tissage B, Variation I avec fantôme est une estampe réalisée à partir d’un tissage fait en coton et corde de Seine. Son œuvre est une transcription entre les médiums, c’est-à-dire qu’elle matérialise sur le papier l’image du tissage, ses textures et même son relief grâce au gaufrage.
Sans titre, Ilana PICHON
Sans titre
Sérigraphie sur papier Stonehenge
76,2 cm x 55,88 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Ilana Pichon observe, apprivoise et décortique des espaces. Influencée par ses études en architecture, elle porte une attention particulière à la lecture des espaces, aux composantes des lieux et aux diverses échelles du territoire. Elle extrait ainsi l’essence des lieux afin de les simplifier, de se les approprier et de proposer de nouvelles lectures aux regardeurs. Elle travaille la superposition, la répétition et la transformation des motifs, des formes et des textures à partir d’observations simplifiées.
L’œuvre Sans titre fait partie d’un corpus créé lors d’une résidence à Engramme. De cette résidence sont nées neuf propositions sculpturales qui ont été présentées dans la galerie d’Engramme, ainsi que la murale peinte sur l’ancien Esso au coin des rues Cartier et René-Lévesque. L’œuvre présentée dans le cadre de cette exposition est une composante papier de ce corpus, dans lequel l’artiste explore les formes et les friches créées par les échangeurs d’autoroutes sur le territoire de la Ville de Québec, et ce, à partir d’images tirées de Google Map.
Le Gélada à la fin du pétrole, Mathieu GOTTI
Le Gélada à la fin du pétrole
Bois et peinture acrylique
60 x 60 x 60cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Avec la surconsommation, les changements climatiques et la perte de biodiversité, Mathieu Gotti utilise ses œuvres pour critiquer fortement nos comportements dévastateurs. Ses sculptures mettent en scène des animaux décriant les actions néfastes et dévastatrices de nos sociétés actuelles. Le Gélada à la fin du pétrole propose une vision nouvelle et originale d’un monde en détresse.
Le gélada, entouré de bidons d’essence vides, crie pour son monde perdu, pour un temps passé et détruit par la civilisation. La colère, le malheur et la tension du singe nous rappelle à quel point la dépendance à l’or noir fragilise son environnement naturel. À l’image d’un être humain, le singe dénonce la destruction radicale de son monde sans pour autant agir. La vivacité des couleurs et la pointe d’ironie utilisée par Gotti viennent donner un côté ludique à l’œuvre, sans dénaturer son propos empreint de gravité. Cette caricature dystopique porte un regard critique et cherche à alerter de façon percutante le spectateur. Avec cette image du gélada en crise, Gotti montre les conséquences des bouleversements actuels, en plus d’une prise de conscience face à la disparition graduelle de… tout!
C’est extra, Josée LANDRY- SIROIS
C’est extra
Canevas et papier d’emballage
90 cm x 125 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Les créations de Josée Landry-Sirois tirent leurs origines dans le quotidien. Entre l’intimité et l’universel, elles insufflent un vent de douceur et d’étrangeté aux objets banals. Ses œuvres viennent dévoiler toute la fragilité et le hasard qui font partie intégrante de l’expérience humaine.
Créée en 2013, C’est extra est présentée pour la première fois à L’Œil de Poisson où l’artiste explore les traces du temps passé. L’œuvre a aussi été réalisée à l’atelier de la Mezzanine, témoignant de l’attachement de l’artiste pour le centre où elle a travaillé durant plusieurs années. Ce collage de grand format, réalisé avec des papiers de gomme «Extra» témoigne d’une accumulation d’objets, de souvenirs, qui, lorsque rassemblés, créent une œuvre. Le titre fait également référence à la célèbre chanson du musicien Léo Ferré, sortie en 1968.
Inventaire, Péio ELICEIRY
Inventaire
Gravure sur papier Somerset
56 cm x 76 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Oscillant entre peinture et gravure, Péio Eliceiry a une approche figurative fortement investie par des préoccupations formelles et spatiales. Ses œuvres minimalistes visent d’abord à illustrer les divers processus de la représentation. Dans une approche conceptuelle, Elicery s’approprie l’image tout en s’intéressant à sa fabrication et à sa qualité de document.
Inventaire est le premier exemplaire de trois gravures dont la réalisation s’inscrit dans une démarche ayant pris naissance à Méduse. Lors d’une résidence en 2015, l’artiste entame des explorations autour de la gravure, récupérant divers objets à l’atelier de bois de L’Œil de Poisson. Après avoir encré ces matériaux, il les pose directement sur la presse et imprime. La spontanéité de l’assemblage des formes et les différentes textures offrent à Inventaire un aspect abstrait qui met de l’avant les vides, les textures et la matière même.
Paper Jam, Laurent GAGNON
Paper Jam
Papier plié et encre UV (sérigraphie)
40 cm x 67 cm x 7 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Laurent Gagnon porte un discours sur le travail de la matière en utilisant plusieurs techniques de fabrication. Intéressé par les objets trouvés, il se décrit comme un anthropologue des marchés aux puces qui explore les notions d’identité et d’appropriation. L’utilisation de ces artéfacts joue aussi avec la nostalgie du public et pousse une réflexion sur l’obsolescence programmée.
Paper Jam est issue d’une série intitulée Le manuel de l’utilisateur, qui a fait naître trois livrets imprimés en sérigraphie. Récupérée dans le manuel d’utilisation d’un photocopieur désuet, la feuille originale représente la marche à suivre en cas de bourrage de papier dans la machine. Son œuvre devient donc une mise en abîme où l’artiste reproduit une information technique au sujet d’un procédé industriel au moyen d’une technique artisanale. Le travail de Gagnon se voit ainsi empreint d’humour.
Apocalyptus, Denise BLACKBURN
Apocalyptus
Sérigraphie sur papier Stonehenge
160 cm x 120 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Les travaux de Denise Blackburn sont tournés vers le monde végétal et les différentes techniques d’expression possibles dans le domaine de l’estampe. L’artiste s’intéresse à la symbolique de l’empreinte gravée et se préoccupe autant de l’aspect pictural que de la place de l’œuvre dans l’espace. La répétition, la reproduction et la multiplication des images lui permettent de mettre davantage l’accent sur le message qu’elle souhaite partager.
Constituée de plus d’une centaine de gravures miniatures, Apocalyptus fait écho aux dangers qui menacent l’écosystème. En appliquant des feuilles d’eucalyptus et d’argent sur ses gravures, Blackburn met en exergue une certaine fragilité, à l’image de l’éphémérité de la vie. L’œuvre porte ainsi une réflexion sur la crise environnementale.
Balanomorpha I, Julie BELLAVANCE
Balanomorpha I
Lithographie sur papier BFK Rives
76,2 cm x 55,88 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
La démarche de Julie Bellavance se caractérise par un jeu, exploré grâce à la lithographie, sur l’échelle d’objets naturels et délicats. Dans son travail, la subtilité de ses sujets est d’abord transposée sur le papier grâce au dessin, qui à son tour sert de base pour la lithographie. L’artiste produit des variantes d’un même objet afin de l’imiter de plusieurs façons, formant ainsi une image à multiples points de vue. Balanomorpha I fait référence à une balane, un petit coquillage abritant un crustacé et se fixant aux parois sous-marines.
Dessinée au crayon gras sur une pierre lithographique, la balane est représentée sous deux angles différents, créant une forme unique et inusitée, flottante. D’abord, l’image est renversée grâce au procédé lithographique, puis, elle se transpose de la pierre au papier, donnant à l’œuvre un effet granuleux, presque photographique. En usant uniquement de noir, Bellavance fait ressurgir les menus détails, les volumes et les contrastes de manière à affirmer toute la fragilité de l’objet grâce à la finesse de son travail. Bellavance explore ainsi les diverses spécificités du médium et elle pose une réflexion sur sa capacité à multiplier les points de vue.
Porcelain Clouds / Nuages de porcelaine, Cynthia DINAN-MITCHELL
Porcelain Clouds / Nuages de porcelaine
Technique mixte sur carton muséal
76 cm x 101 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Nancy Beaulne et Desjardins.
La pratique de Cynthia Dinan-Mitchell revisite des moments de l’histoire de l’art en mélangeant les genres, les styles et les techniques à travers des procédés complexes combinant le dessin, le montage, la sérigraphie et la peinture. Ses œuvres contiennent des éléments à la fois baroques et modernes, certains rappelant la nature morte ou le surréalisme. Par sa pratique, l’artiste souhaite renverser la hiérarchie entre les arts visuels et les métiers d’art, en assumant pleinement le côté décoratif de son œuvre.
L’œuvre Porcelain Clouds / Nuages de porcelaine est constituée d’éléments qui sont chers à l’artiste ou qui sont autoréférentiels à son travail. Par exemple, les masses blanches composant son œuvre font référence aux sculptures du même nom qu’elle a présenté dans une installation satellite à la Biennale de sculpture de Trois-Rivières en 2016. La main présente dans l’œuvre est en fait un dessin de la main droite de l’artiste, celle qu’elle utilise pour dessiner. Dinan-Mitchell inclut aussi des éléments du quotidien dans son œuvre, comme les écouteurs, qu’elle élève au rang d’ornementation, au même titre que des fleurs ou un vase.
Sappy Sapodilla, Noëlle WHARTON-AYER
Sappy Sapodilla
Sérigraphie sur papier Stonehenge
145 cm x 100 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
La démarche de Noëlle Wharton-Ayer explore le paysage en tant que point d’entrée pour la création d’histoires familiales et personnelles, en plus de s’intéresser à la manifestation de la nature dans la vie quotidienne. Son travail se distingue par la création d’images qu’elle combine, réorganise, découpe, colle, superpose, transforme et répète.
Sappy Sapodilla est une œuvre composée de 21 impressions d’un montage photographique. Chacune représente un paysage imaginaire créé à partir d’images et de vidéos de toutes sortes. On peut y voir des feuilles et des fruits de sapotilliers, ainsi qu’un homme déguisé en squelette. Cet amalgame de formes et de tonalités vibrantes a été imprimé en quadrichromie, une technique qui utilise des encres de couleur cyan, magenta, jaune et noir. En superposant les couleurs, l’artiste reproduit une qualité photographique. Un motif composé de yeux et d’autres éléments organiques ont été imprimés avec de l’encre iridescente. Ce kaléidoscope aborde de nombreux thèmes autour des relations humaines et de la nature. Plus précisément, Wharton-Ayer exprime à travers son œuvre l’attachement qu’a sa grand-mère pour les paysages guyanais. Elle y relate des souvenirs intimes, contrastés avec les images échantillonnées sur Internet, un amalgame qui forme sa compréhension du paysage de la Guyane, lointain, qu’elle ne connaît que par l’imagination et les récits.
Impression à quatre mains grands formats n°8, DUO FOUQUET - GIRARD SAVOIE (Ludovic FOUQUET et Tania GIRARD SAVOIE)
Impression à quatre mains grands formats n°8
Sérigraphie sur papier Rising Stonehenge
112 cm x 70 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Depuis 2017, Tania Girard Savoie et Ludovic Fouquet s’unissent pour créer des œuvres en estampes. Leur pratique se distingue par un processus créatif interactif, qui permet à chacun d’intervenir sur l’œuvre de l’autre. Ainsi, des œuvres collectives naissent suite à leurs interventions, qui font se chevaucher les formes et les textures. Impression à quatre mains grand format est une série réalisée en 2021. Grâce à l’alliance entre la sérigraphie et la gravure, l’œuvre du duo se démarque par ses couleurs vives et ses motifs dynamiques.
Suite à des recherches en 2020 sur la gravure non toxique réalisées par Girard Savoie, les deux artistes ont vu l’occasion de faire dialoguer ensemble les deux techniques, formant alors des œuvres hybrides confondant les disciplines entre elles. Les effets de superposition et la transparence modifient les couleurs, comme pour rappeler les spécificités des médiums. Les formes utilisées sont semblables à celles qui sont préconisées par les artistes, faisant cette fois-ci usage de nouvelles couleurs. C’est la rencontre de ces couleurs qui crée la spécificité de ce corpus.
Les artistes ont une pratique collective, mais aussi une pratique individuelle. Ludovic Fouquet est un artiste visuel et un metteur en scène. Tania Girard Savoie quant à elle, est une artiste visuelle très impliquée à Engramme.
Contenir l’essaim 2.0, Jeffrey POIRIER
Contenir l’essaim 2.0
Tirages en résine Smoothcast 5D, peinture industrielle thermolaquée et quincaillerie diverse
100 cm x 200 cm x 25 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Jeffrey Poirier aborde la question écologique de manière large dans son travail. Il s’intéresse ainsi aux modes de construction, d’organisation et d’étalement. Ces préoccupations viennent ainsi se greffer à des questions sur notre rapport à la nature précaire ou encore sur la façon dont nous occupons des territoires. En s’intéressant aux systèmes, Poirier souligne la cohabitation fragile entre ceux-ci. L’artiste utilise aussi les espaces de manière presque architecturale, en créant des dispositifs qui habitent le lieu et changent la perception du regardeur.
Contenir l’essaim 2.0 est le résultat d’assemblages de matériaux éphémères. En liant des morceaux de carton avec du ruban adhésif, Poirier construit une base esthétique qui lui sert de matrice pour fabriquer des moules. Grâce à ces moules, il peut recréer en résine, avec précision et exactitude, les bases de carton. Ainsi, l’artiste fige dans le temps sa construction et toute la spontanéité du geste créateur. Les cellules ainsi créées représentent un écosystème d’interconnexions, où la multiplicité s’assemble pour former une entité unique.
Cette œuvre est également une métaphore du monde contenu. Par exemple, elle évoque les nids d’abeilles, mais également d’autres formes naturelles et minérales : c’est l’intérieur de ces constructions organiques qui intéresse Poirier. Pour lui, ces structures servent à introduire un sentiment de nature inusitée dans l’architecture intérieure et à nous rappeler que, malgré nos modes de vie, nous sommes toujours liés à celle-ci.
De quoi t’as l’air, Guillaume TARDIF
De quoi t’as l’air
Pièces de système d’échappement et objets divers
90 cm x 30 cm x 50 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
La pratique artistique de Guillaume Tardif est profondément marquée par l’utilisation de matériaux et de symboles qui habitent le quotidien. Il s’intéresse à la façon dont ces objets occupent, meublent et conditionnent l’espace qui nous entoure. Dans ses réflexions, il constate que toute notre société semble organisée autour d’une transformation perpétuelle d’énergie en matière et de matière en énergie à travers divers systèmes de flux. Ainsi, l’artiste s’amuse à combiner une profusion d’objets afin de créer des sortes de mutations sculpturales qui caractérisent notre époque actuelle.
Tardif cherche à transformer notre perception de ce qui nous entoure et à offrir une tout autre expérience du lieu en faisant apparaître des formes inusitées dans les matériaux. De quoi t’as l’air est façonnée à partir d’objets trouvés : pots d’échappement martelés et pliés, fils électriques, téléphones, etc. Elle permet de mettre en valeur les formes et les matières qui reviennent de façon cyclique dans le travail de l’artiste. Dans son œuvre, l’artiste exprime ses inquiétudes et ses émotions face aux contextes actuels, en plus de mettre l’accent sur la brutalité de la matière. Un visage à l’air serein surgit à travers le métal et les amas de fils. Ici, la matière et la technologie prennent soudainement vie.
Le plongeon, Dgino CANTIN
Le plongeon
Mousse expansive, polystyrène, panneau de fibres à densité moyenne (MDF), bois
93 cm x 61 cm x 200 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Dgino Cantin crée des œuvres poétiques en interrogeant les objets du quotidien. L’artiste réfléchit au moment où une chose passe du statut d’objet usuel à celui d’œuvre artistique. En travaillant la juxtaposition des éléments et des objets, il mélange les souvenirs. Ses œuvres hybrides deviennent ainsi des témoins de notre époque contemporaine.
Faite de polystyrène et de bois, l’œuvre Le plongeon surplombe le spectateur afin d’influencer sa perception du lieu d’exposition. En effet, la perspective donne l’impression d’être dans une piscine. Les pieds argentés, issus d’un moulage sur modèle vivant, laisse imaginer un personnage entier qui se situerait au bout du plongeon. Ceux-ci sont positionnés de façon à créer une certaine tension et suggèrent l’indécision face à l’action à prendre. Faut-il sauter à l’eau ou faire demi-tour? Cette impression d’hésitation est accentuée par le gros orteil qui touche la tranche du plongeon. L’œuvre est avant tout poétique. Elle suggère des actions, une perception de l’espace et une trame narrative en renvoyant à des référents connus.
L’œuvre a été présentée en 2016 à L’Œil de Poisson dans le cadre de l’exposition Changements de statut.
Esprit changeant, chouette et créature marine, Fanny MESNARD
Esprit changeant, chouette et créature marine
Céramique, sous glaçure, glaçure et tissu, coton mélangé, sérigraphie, broderie
168 cm x 110 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Catherine Dorion, ancienne députée de Taschereau et de Desjardins.
Le travail de Fanny Mesnard est nourri par ses expériences en nature. À travers la marche, la chasse, la pêche, la cueillette et le voyage, l’artiste développe son imaginaire et sa façon d’appréhender le vivant. Elle se crée alors une mythologie personnelle et multiplie les croisements interespèces. Son travail explore aussi le corps en mouvement et le territoire investi.
L’œuvre Esprit changeant, Chouette et créature marine est un masque autoportant en céramique. Il représente deux visages bienveillants: celui d’une chouette et celui d’une créature aquatique. Les quatre yeux, au travers desquels on peut voir, cherchent à communiquer l’âme de cette créature hybride. La présence d’un tel esprit, poétique et énigmatique, est empreinte d’une grande sérénité et rappelle un monde spirituel, ancré dans l’inconscient. La cape, confectionnée et imprimée par l’artiste, vient rehausser la présence de l’animal et lui donner une forte présence.
L’œuvre a été exposée une première fois au Musée des Beaux-Arts en 2019 dans le cadre de Manif d’art 9.
La tranchée, COOKE-SASSEVILLE (Jean-François COOKE et Pierre SASSEVILLE)
La tranchée
Aluminium et peinture électrostatique
218 cm x 184cm x 28cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Jean-François Cooke et Pierre Sasseville forment un duo réputé à Québec pour son importance dans le domaine de l’art public. À eux deux, ils présentent des œuvres sculpturales qui mêlent à la fois ambivalence, inquiétude et humour.
Ce triptyque représente des cerfs de Virginie coupés en deux, et dont seul l’arrière est visible. Posés en équilibre les uns sur les autres, les cerfs créent un effet de réflexion, comme s’ils se trouvaient à la surface d’un lac gelé. Ce dédoublement de l’image fait directement référence au célèbre mythe de Narcisse, fasciné par son reflet, ainsi qu’à son issue dramatique. Les cerfs ici représentés émergent de bandes rouges, semblables à des traînées de sang. Cette composition violente et vive se mêle à une grande vulnérabilité. Effectivement, ceux-ci sont dans une position tout à fait improbable et délicate, montrant la fragilité de ces animaux, maintenus dans un équilibre précaire.
La Tranchée est également un bel exemple d’intégration de techniques issues du domaine de l’art public. Les deux artistes ont en effet réalisé cette œuvre percutante avec des matériaux durables, tels que l’aluminium, la peinture électrostatique et même l’apprêt anti-graffiti. Ces matériaux confèrent à la sculpture non seulement une grande longévité, mais également un aspect luisant et mystérieux aux cerfs.
Extrait d’atelier avec Sealtest, BGL (Jasmin BILODEAU, Sébastien GIGUÈRE et Nicolas LAVERDIÈRE)
Extrait d’atelier avec Sealtest
Cannes de conserve, caisse de lait, bois, acrylique et pinceaux
103 cm x 45 cm x 34 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Le collectif, composé de trois artistes de Québec (Jasmin Bilodeau, Sébastien Giguère et Nicolas Laverdière), est connu pour son humour et ses œuvres ludiques. En 2015, BGL représente le Canada avec Canadassimo, l’atelier à la Biennale de Venise, l’une des plus prestigieuses manifestations d’art du monde. À son retour, le trio produit une série de sculptures inspirées de cette œuvre phare. Extrait d’atelier avec Sealtest est produit dans cette foulée.
Surplombant une caisse de lait Sealtest, des cannes de conserves sont empilées les unes sur les autres, sur lesquelles dégoulinent de grandes coulisses multicolores. Des pinceaux ainsi que des bâtons de bois utilisés pour mélanger les contenants de peinture y sont déposés. Malgré l’aspect défraichi et banal des objets récupérés, BGL leur offre l’occasion de survivre à travers leur nouveau statut d’œuvre d’art. Pour le collectif, élever la désuétude de ces objets à une forme de pérennité artistique est une façon d’évoquer, à sa façon humoristique, des enjeux qui lui sont chers. Effectivement, on y retrouve un souci écologique face aux objets rejetés par la société de consommation actuelle grâce à leur sublimation en œuvre. En outre, la précarité de l’artiste est représentée grâce à l’instabilité de l’élévation. Le plaisir d’inventer, lui, est palpable dans les couleurs vives, dans l’extravagance et dans la douce folie créatrice de l’œuvre.
Extrait d’atelier avec Sealtest est une œuvre rare et représentative d’un évènement artistique d’une grande importance, qui a permis à BGL de partager sa vision unique et rigolote au monde entier.
Salle de bain no. 11 (purifier ses cristaux), Chantal BLACKBURN
Salle de bain no. 11 (purifier ses cristaux)
Huile sur toile
51 cm x 40,5 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Chantal Blackburn travaille principalement en peinture. Inspirée par divers objets ou lieux du quotidien, elle s’attarde à la façon dont les souvenirs s’entremêlent à la fiction au fil du passage du temps. Elle explore la transformation de la mémoire et des souvenirs par le biais d’images qui peuvent avoir un aspect ambigu ou exagéré, venant mettre l’accent sur certains éléments précis. Ces peintures prennent alors l’allure de mises en scène, ou de récits dépassant le réel. Ce sont les multiples déménagements de l’artiste durant son enfance qui ont teinté son intérêt pour le domicile, les endroits familiaux et la façon de s’en rappeler.
Cette œuvre fait partie d’un corpus avec lequel l’artiste travaille sur sa propre salle de bain, considérée comme un lieu de refuge, intime et ordinaire. La salle de bain est le reflet d’un rapport à soi, à son corps, à sa propre vulnérabilité. Dans ce tableau, on peut voir, dans l’évier, des cristaux plongés dans l’eau dans le but de les purifier et de recharger leur énergie. L’œuvre a vu le jour suite à une courte recherche sur le site WikiHow.
Futur parlé, Olivier DE SERRES
Futur parlé
Acrylique, médiums mixtes sur toile
165 cm x 120 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Le tableau d’Olivier De Serres s’inscrit dans une démarche axée sur la recherche picturale. Pour lui, la peinture est le résultat d’un amalgame d’artefacts neurologiques. Elle reproduit et recycle les chemins de la réflexion. Pour créer cet « écosystème » artistique, il utilise de multiples couches de peinture et diverses techniques, comme le glacis, le brossage, l’estompage, le masquage, le dessin, l’airbus, le stencil, etc. De Serres tire de la peinture toute sa richesse – il exploite, voire dépasse les limites de l’abstraction. Les multiples textures et les formes organiques viennent s’entrechoquer, se confondre, dans une danse mentale poétique.
Dans cette œuvre comme dans plusieurs autres, l’artiste joue avec l’ambiguïté abstraite créée par les formes et les textures dans ses œuvres. Elles rappellent des choses, sans que l’on soit capable de les nommer.
Constellation du lièvre no 6, Agnès RIVERIN
Constellation du lièvre no 6
Peinture à l’huile, crayon sur Terraskin marouflé sur panneau de bois
101 cm x 101 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de MDCB Comptables professionnels Agrées S.E.N.C. et de Desjardins.
Agnès Riverin s’intéresse à la physique quantique, à la cosmologie, ainsi qu’à l’astrophysique. Dans son œuvre, elle cherche à remettre en question les rapports qui existent entre la nature, le monde animal et le cosmos. L’artiste travaille les thématiques qu’elle choisit en corpus, en les explorant sur une longue période.
Son corpus Constellation du lièvre, composé de trente-deux tableaux, fait référence à la fragilité de la vie sur Terre, à la manière d’une vanité. Sur des supports circulaires, l’artiste applique une peinture à l’huile exempte de solvants par souci écologique. La figure du lièvre, symbole récurrent dans sa pratique, prend une posture inspirée des contes, comme si Riverin s’appropriait cette imagerie. Les dessins et les motifs sont créés au fur et à mesure, de manière improvisée. L’exploration picturale de l’artiste porte un regard nouveau sur la disparition et sur tout ce qui demeure après la mort.
Rompre, Laurence BELZILE
Rompre
Acrylique sur toile
243,8 cm x 147,3 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Grâce à divers médiums et techniques d’expression, Laurence Belzile explore de fond en comble les propriétés plastiques de l’abstraction. La matérialité du médium, la couleur, les gestes et les textures animent la surface et mettent en lumière la touche. En explorant les limites de l’abstraction, l’artiste recherche la surprise et l’incongru.
Dans l’œuvre Rompre, Belzile accumule les lignes fines et les fait se fondre entre elles afin de créer une composition délicate. Les formes s’estompent tout en promouvant la luminosité des couleurs. Pour créer cet effet vaporeux et profond, l’artiste réalise plusieurs couches de peinture. Les teintes choisies par Belzile ne sont pas anodines : elles suggèrent une forme de réappropriation des couleurs féminines pour les intégrer à la tradition artistique abstraite, historiquement plus masculine.
Sans titre M1469-2019, Richard MILL
Sans titre M1469-2019
Acrylique et objet sur toile
92 cm x 127 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Richard Mill est un artiste principalement connu pour son travail en peinture, ayant aussi réalisé des dessins, sculptures, sérigraphies, photographies ainsi que des œuvres d’intégration à l’architecture. Ses inspirations proviennent de l’art minimaliste, du land art et de la peinture rupestre. Par la peinture, Richard Mill essaie de déployer la possibilité d’une pensée non-verbale, d’une pensée en peinture. Il travaille ses œuvres en série, tout en souhaitant créer une expérience renouvelée dans chaque tableau.
Dans cette œuvre, sa technique explore une forme d’expressionnisme abstrait. Il anime la surface de la toile grâce à une palette de couleurs réduite, ainsi qu’à la répétition des gestes et des formes. Mill laisse parler son médium de prédilection et laisse entrevoir toutes ses particularités grâce à une technique d’apparence spontanée.
Illumination, Thierry ARCAND-BOSSÉ
Illumination
Acrylique et huile sur toile
72,5 cm x 106,7 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de la Galerie 3 et de Desjardins.
Thierry Arcand-Bossé a une approche en peinture figurative qu’il travaille avec des considérations actuelles. Son imagerie est contemporaine, teintée de références cinématographiques, populaires, culturelles et historiques. Les œuvres de Thierry Arcand-Bossé parlent de notre époque, en y figurant autant des moments des plus ordinaires que les plus terrifiants.
Puisant son inspiration dans la photo du premier essai nucléaire jamais effectué (Trinity, le 15 juillet 1945), l’artiste propose dans son œuvre Illumination une interprétation à la fois belle et troublante de cet événement. L’œuvre captive par son travail et la couleur et la luminosité qui émane de l’explosion. Elle est divisée en deux : la partie supérieure est travaillée de façon minutieuse tandis que la partie du bas, travaillée à la brosse, est beaucoup plus expressive. Cette tension dans l’œuvre fait ainsi écho à la tension dans le sujet. Événement précurseur du terrible bombardement d’Hiroshima et Nagasaki, ce moment est aussi un tournant dans l’histoire moderne.
Saint-Déluge-de-la- Consolation 6, Martin BUREAU
Saint-Déluge-de-la- Consolation 6
Aquarelle sur papier Arches monté sur bois
122 cm x 183 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Guy Dionne, de la Galerie 3 et de Desjardins.
Les œuvres de Martin Bureau sont foncièrement engagées. Travaillant principalement en peinture et en vidéo, l’artiste tire ses sources d’inspiration dans l’actualité et traduit ses impressions avec un regard critique sur les enjeux sociétaux, économiques et culturels. Dans son univers pictural, la catastrophe et l’entropie s’entrechoquent.
Saint-Déluge-de-la-Consolation 6 propose une image dystopique, où un incendie flotte sur l’océan. L’aquarelle met en scène l’urgence climatique, un des thèmes centraux dans la production de Bureau. La série Saint-Déluge-de-la-Consolation explore la notion de l’anthropocène, c’est-à-dire l’ère géologique où les écosystèmes sont marqués de façon permanente par l’activité humaine. Le traitement à l’aquarelle et l’image représentée donne un côté poétique à l’œuvre. Celle-ci rappelle que lorsque même l’eau s’enflammera, il sera trop tard pour agir.
Réservoir (mines BC I et II), Alexanne DUNN
Réservoir (mines BC I et II)
Huile sur toile
121,9 x 154,2 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Alexanne Dunn travaille principalement en peinture. Ayant grandi entourée de paysages industriels dans la ville de Thedford Mines, elle entretient une relation complexe avec ces paysages miniers à l’abandon. Ils sont pour elle associés à l’enfance et aux repères familiers, mais aussi à la crise de l’amiante et aux cicatrices que celle-ci a laissé sur sa ville. À partir de photographies, elle crée une représentation en peinture qui se veut autonome, frôlant l’abstraction. Une tension existe alors dans son travail, entre ce qui est représenté et ce qui occupe l’espace de la toile.
L’œuvre Réservoir (mines BC I et II) est issue d’un corpus dans lequel l’artiste s’intéresse au territoire dans ses détails. Elle travaille alors à partir de photographies du territoire, qui sont agrandies, puis desquelles elle ne sélectionne que des fragments. S’en suit alors une décontextualisation où le rapprochement du sujet pictural éloigne le regardeur du sujet thématique en créant une perte de repère des éléments habituels d’un paysage minier. Ses œuvres rappellent tout de même les espaces à l’origine de ses images grâce à leurs titres, qui appellent aux lieux où les photos ont été prises. Dans ce cas-ci, les œuvres sont basées sur les mines British-Canadian I et II, s’attardant particulièrement à la courbe des taches de rouilles sur le réservoir, qui deviennent le sujet principal de l’œuvre.
Le repos du peintre, Dan BRAULT
Le repos du peintre
Huile sur toile
88,9 cm x 99,1 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité des Constructions A. Carrier, de la Galerie 3 et de Desjardins.
Le travail de Dan Brault se distingue par un assemblage drastiquement éclectique de styles et d’esthétiques. Son travail, baroque, comprend une foule d’éléments tantôt abstraits, tantôt figuratifs, issus de la culture populaire. Confrontant les images entre elles, l’artiste fait usage de multiples techniques tout en empruntant à d’autres genres, comme la bande dessinée ou l’art plus classique.
Le repos du peintre suggère une forme d’autoreprésentation de Brault. On y voit un lion qui se repose près d’un feu au clair de lune. L’œuvre témoigne de la liberté artistique et des enjeux de sa propre création et du contrôle qu’il a sur sa propre vie. Cet univers en suspension, surréaliste, est cependant régi par un équilibre fort entre les divers éléments : les couleurs, les textures, les symboles.
Sentiers, François SIMARD
Sentiers
Huile sur toile
152,4 cm x 213,36 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de François Simard, Stéphane Campeau et de Desjardins.
Les œuvres de François Simard se démarquent par une minutie et un travail systématique. L’artiste élabore ses tableaux à partir d’un principe initiateur qu’il nomme comme étant un système de probabilité. Travaillant à partir de cette contrainte de départ, elle vient dicter la séquence de production. Au fur et à mesure de l’avancement de l’œuvre, les gestes se multiplient jusqu’à ne plus prendre en compte la contrainte de départ. Les résultats du travail de Simard sont ainsi multiples et variés.
Chemins de glace, Claudia KEDNEY-BOLDUC
Chemins de glace
Vidéo
7:11 minutes
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Passionnée de sports et de cinéma, Kedney-Bolduc réalise des œuvres alimentées par son intérêt pour la place des femmes, surtout dans les milieux qui ne sont pas « conventionnels ». Elle donne la parole à celles qui évoluent dans les secteurs majoritairement masculins et leur offre une tribune unique.
Avec Chemins de glace, l’artiste documente l’univers du canot à glace, un sport traditionnel propre à la région de Québec. Son film met en scène et raconte le vécu d’une des premières femmes à participer à la course de canot à glace. Il documente également les débuts d’une jeune équipe entièrement féminine qui participe aux courses. Pour réaliser cette œuvre, Kedney-Bolduc met en parallèle deux époques grâce à des images de la traversée de Portneuf en 2016 mises en relation avec des archives du début du XXe siècle, provenant d’une famille renommée dans la pratique du canot à glace. En comparant les images, Kedney-Bolduc nous permet de constater la continuité et le changement autour de ce sport à travers le temps. De plus, l’artiste laisse la parole aux participantes, qui témoignent de leur expérience.
Des Temps Morts, David NADEAU-BERNATCHEZ
Des Temps Morts
Vidéo
30:00 minutes
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
David Nadeau Bernatchez crée et produit des œuvres cinématographiques marquées par la perception du temps, l’histoire, la musique et la résistance. Avec les productions Paysdenvie, il présente ses films, ainsi que ses conférences et performances, dans divers contextes et pays.
Dans son film Des Temps Morts, l’artiste revisite les origines du baseball, ainsi que son évolution en tant que sport populaire. Caractérisé par sa dualité entre la lenteur et le dynamisme, le baseball devient le sujet d’expérimentations visuelles très intéressantes pour l’artiste. Au cœur du stade Victoria à Québec, l’artiste exploite les perspectives et l’ambiance propres au lieu afin de créer des paysages habités étonnants. Réalisé avec la complicité du chroniqueur sportif Jean Dion pour la narration, ce film est un commentaire sur la temporalité et sur le langage du baseball. L’œuvre témoigne également de l’intérêt que l’artiste porte pour ce sport d’équipe, pour ses rites et pour l’ambiance unique dans laquelle les joueurs et les spectateurs évoluent.
Réalisation, narration et montage : David Nadeau Bernatchez
Écriture de la narration (en collaboration) : Jean Dion
Participation : Club de baseball des Capitales de Québec, Ligue CAN-AM
Images : Frédérick Pelletier, David Nadeau Bernatchez, Vincent Deschênes
Prise de son : Georges Sheehy, Jean-François Dugas,
Pierre Lanthier
Musique originale : Jasmin Cloutier, Fred Carrier,
Jean-Philippe Reny
Montage sonore et mixage : Mathieu Campagna
Étalonnage : Studio Élément
La Prière, Josiane ROBERGE
La Prière
Vidéo
45:28 minutes
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Un peu à la manière d’une œuvre de Marina Abramović, Josiane Roberge utilise les relations humaines et la rencontre de soi, de l’autre, pour réaliser une performance tout en douceur. Cette vidéo, trace de la performance, implique non seulement la mise en scène de l’artiste, mais également celle de certains membres de son entourage. D’un rythme lent et poétique, Roberge invite chacun d’entre eux à échanger un baiser avec elle.
La performance, filmée en plan-séquence et produite en diptyque, montre une intimité, à la fois donnée et accueillie. Yeux dans les yeux, les différents personnages échangent avec l’artiste des regards complices, des sourires tendres et parfois des rires. À travers des gestes simples, empreints d’une signification forte, l’artiste cherche à souligner la présence humaine et l’authenticité des relations. Dans La Prière, on sent l’amour et l’amitié qui lient chacun des participants à l’artiste. Ces relations montrent une intimité, dévoilée par les liens étroits entre eux, et soulignent de façon muette leurs mémoires communes. Car si la performance de Roberge est à la fois intimiste et personnelle, l’expérience qui s’en dégage devient collective, voire contagieuse, pour les personnages.
Cette œuvre a été présentée pour la première fois à L’Œil de Poisson en 2014.
Requiem contre un plafond, Jeremy Peter ALLEN
Requiem contre un plafond
Vidéo
30:30 minutes
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Cinéaste indépendant, Jeremy Peter Allen ancre sa pratique dans les films de fiction et touche également au documentaire. Intéressé par les réactions imprévisibles et surprenantes propres au genre humain lorsqu’il est confronté à la mort, l’artiste réalise en 2000 le film Requiem contre un plafond, inspiré par une nouvelle de Tonino Benacquista.
Ce court-métrage met en scène un homme suicidaire, confronté au dérangement occasionné par son voisin, habitant au-dessus de lui. Ce dernier, un violoncelliste amateur, fait grincer son archet sur des airs maladroits, atonaux, au grand dam du personnage principal qui tente d’écrire sa lettre d’adieu. Tourmenté par ces bruits désagréables provenant de son plafond, le suicidaire est incapable d’exécuter son projet, trop obsédé par les airs de Mozart et de Bach. Il tente de décourager son voisin en se livrant à une joute musicale, qui ne prendra fin que lorsque ce dernier aura posé son archet, une fois pour toutes. Plongée dans l’humour noir, l’adaptation transmet une histoire loufoque, mais tout aussi touchante.
Écrit, produit et réalisé par Jeremy Peter Allen
Distribution : Yves Jacques, Jean-Christophe Guelpa,
Pierre Potvin
Direction photographique : Steve Asselin
Prise de son : Martin Allard
Direction artistique : Paul-Patrick Charbonneau
Musique originale : Helmut Lipsky
Montage : Jeremy Peter Allen
Mixage sonore : Jérôme Boiteau
Atomes en quête d’immatérialité, Anne-Marie BOUCHARD
Atomes en quête d’immatérialité
Vidéo numérique
5:42 minutes
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Anne-Marie Bouchard explore le cinéma et les arts médiatiques de façon éclectique et expérimentale. L’artiste gravite autour de thèmes comme le geste, l’éphémère et la fragilité. Elle s’intéresse également à l’impact des sons et des couleurs, en plus de chercher dans les images tout leur potentiel esthétique et poétique.
« Il n’y a qu’une seule morale qui vaille dans cette histoire, une seule donnée essentielle : nous ne sommes que de dérisoires étincelles au regard de l’univers. Puissions-nous avoir la sagesse de ne pas l’oublier. » Cette citation d’Hubert Reeves inspire grandement Bouchard pour réaliser Atomes en quête d’immatérialité. Sublime et intrigante, la vidéo met en scène une sorte d’univers cosmique. En filmant des points quantiques (ou des nanoparticules photoluminescentes), l’artiste recrée avec l’infiniment petit des galaxies, des étoiles, des planètes, comme si elles étaient observées dans un télescope. Elle nous rappelle, comme Reeves, que nous sommes des êtres éphémères, fragiles et aussi minuscules que des particules à l’échelle du macrocosme.
La trilogie louisianaise (Laissez les bons temps rouler ; Acadiana ; Belle River), Guillaume FOURNIER, Samuel MATTEAU et Yannick NOLIN
La trilogie louisianaise (Laissez les bons temps rouler ; Acadiana ; Belle River)
Vidéo
38:30 minutes
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Créée par Guillaume Fournier, Samuel Matteau et Yannick Nolin, trois cinéastes prometteurs de Québec, la Trilogie louisianaise est une réelle immersion dans le sud francophone des États-Unis. Le genre documentaire est ici exploré par le trio dans le but de reproduire et de reconstruire la réalité.
Cette démarche entre documentaire et fiction cherche à articuler un discours poétique autour du médium cinématographique. La trilogie comprend Laissez les bons temps rouler (2017), Acadiana (2019) et Belle River (2022), qui fusionnent la vision des trois artistes. Résolus à documenter l’histoire et à célébrer l’identité des francophones de la Louisiane, ces derniers cherchent à montrer l’héritage culturel et le territoire unique de cet État. À la fois anthropologiques et laissant place à l’interprétation, les films ont pour but d’illustrer sous un angle nouveau la menace pesant sur la culture cadienne (qui résiste encore et toujours) tout en laissant les habitants s’exprimer librement. Juxtaposant de magnifiques plans-séquences, alliant nature luxuriante, festival et bons vivants, les documentaires présentent de véritables exemples de résilience.
Les trois courts métrages de la trilogie ont été présentés dans plusieurs festivals au Canada, aux États-Unis, en Europe et en Amérique du Sud. Ils ont remporté plusieurs prix : Acadiana a reçu le prix Excellence 2019 du Conseil de la Culture du Québec et Laissez les bons temps rouler a remporté en 2018 le prix Coup de cœur scolaire du réseau Canopé au Festival Ciné Poème de Bezons en France.
Nature morte 1, Johann BARON LANTEIGNE
Nature morte 1
Vidéo
Boucle infinie
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Johann Baron Lanteigne travaille la sculpture et l’installation, autant de manière virtuelle que réelle. L’artiste interroge l’écran de multiples façons en l’utilisant comme matériau, mais aussi comme sujet, en l’exploitant entre autres comme un portail vers le Web. Il entraîne le regardeur dans des sous-cultures d’Internet et présente des mises en scène, souvent à l’aide d’animations.
Nature morte 1 est une œuvre qui porte sur la superposition et la documentation de différents univers, explorant les transitions entre ces réalités. Grâce à cette œuvre, l’artiste concrétise de façon matérielle sa pratique pour la première fois. Il utilise ensuite la documentation de l’œuvre pour faire entrer le spectateur dans un boucle infinie qui explore notre relation avec la technologie et les environnements virtuels.
Brise-glace, Diane LANDRY
Brise-glace
Vidéo
9:50 minutes
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Diane Landry réalise des œuvres surprenantes et poétiques à partir d’objets du quotidien pour en détourner le sens et créer un univers inusité. Justement, elle cherche à montrer les choses sous un angle totalement différent, malgré leur banalité. Son but est alors de modifier notre perception et notre mémoire vis-à-vis de nos idées préconçues.
Brise-glace est d’abord et avant tout la trace d’une performance éponyme, dans laquelle Landry pagaie en canoë au milieu d’une mer de glace synthétique. L’illusion d’un océan agité et nocturne est rendue possible grâce à des membranes de plastique, qui sont secouées par l’artiste dans un geste lent et répétitif. Prisonnière du va-et-vient du bateau, la rameuse bouge constamment, gracieusement, sans jamais progresser dans son voyage. Les ondulations, ainsi que les reflets lumineux, rappellent à la fois vagues et nuages. Landry évoque dans sa performance filmée un territoire qui, malgré son inhospitalité, est visité par ce brise-glace, capable de traverser des lieux inexplorés. Il symbolise le goût pour l’aventure et la naïveté des êtres humains, en plus d’incarner leur obstination arrogante à explorer, non sans avoir les impacts néfastes de ces pratiques sur leur environnement.
Vermeer, Jocelyn ROBERT
Vermeer
Vidéo
3 min 35
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
La pratique de Jocelyn Robert est multiple : musique, art audio, performance, installation, écriture et art vidéo. Elle se démarque entre autres par une réflexion sur les définitions et leurs différents contextes d’interprétation. Dans ses travaux en vidéo, comme pour Vermeer, l’artiste se plaît à « tricoter » les images.
Vermeer a été réalisé en 1996 alors que Méduse commence à prendre vie. L’artiste filme ainsi un technicien d’Honeywell, à l’époque responsable de l’ajustement des appareils de chauffage, en train de marcher dans le couloir du cinquième étage. Puis, Jocelyn Robert traverse le même espace et marche sur la même tuile. Cet événement est souligné par la répétition du geste. Robert insère ses images dans diverses temporalités au sein d’une même séquence, les fait s’enchevêtrer, vibrer, se renverser. Ainsi, les deux personnages posent au même moment, dans le même espace, le pied sur la même tuile du plancher, comme s’il s’agissait d’une collision entre deux réalités. De plus, la vidéo est traitée avec une basse résolution, ce qui permet à l’œuvre de produire un aspect surréel, en plus de créer une ambiance de plus en plus psychédélique.
Dissiper la magie XII, XIII et XIV, Pierre&Marie (Pierre BRASSARD et Marie-Pier LEBEAU-LAVOIE)
Dissiper la magie XII, XIII et XIV
Photographie numérique et impression au jet d’encre sur papier photographique RAG
96,36 cm x 81,28 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Les œuvres de Pierre&Marie attirent, captivent et transforment de manière créative notre vision du quotidien. Leur préoccupation pour la matérialité des objets s’est traduite d’abord en sculpture puis dans une approche en photographie. Leurs œuvres reflètent ainsi leur intérêt pour les natures mortes, la mise en scène et la narration. Autodidactes, les artistes évoluent dans plusieurs contextes d’exposition, notamment en art public.
Dissiper la magie, une série photographique amorcée en 2014, a été présentée à de multiples reprises dans l’espace public. Elle cherche d’abord à documenter l’éphémère, une notion très importante dans la démarche du duo. Ces trois photographies présentent des guimauves immaculées, qui deviennent avec le temps brûlées, noircies par le feu, transformant totalement et radicalement leur aspect. L’évolution esthétique de cette brochette de friandises est une réelle mise en scène de l’impact du temps sur les objets du quotidien. Transition vers un état d’anéantissement, Dissiper la magie met en valeur les textures, la lumière et la matérialité d’une façon à la fois dramatique et égayante.
L’œuvre est emblématique de la pratique du collectif Pierre&Marie. Elle a été visible un peu partout dans la Ville de Québec, notamment à la première édition du Jardin d’hiver (2020), inauguré par Manif d’Art.
L’ombre du fleuve, Marswalkers (Alexandre BERTHIER et Karl-Otto von OERTZEN)
L’ombre du fleuve
Bois, impression photographique, néons et fil électrique
94 cm x 63,5 cm x 20,3 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Le duo des Marswalkers, composé d’Alexandre Berthier et de Karl-Otto von Oertzen, est actif sur la scène artistique depuis 2000. Une grande partie de leur travail interroge le fossé qui sépare la perception et la réalité d’une image. Ainsi, les deux artistes créent des illusions qui génèrent une distorsion du médium de fabrication de l’image.
L’ombre du fleuve est un diptyque composé de deux photographies prises au Biodôme de Montréal. Bien que l’on puisse croire à un montage photographique, il n’en est rien : les images représentent deux vues différentes de l’espace réservé à l’écosystème du fleuve Saint-Laurent. Ce paysage, recréé avec fidélité mais artificiellement, produit un effet empreint d’étrangeté qui a séduit les artistes. En effet, le trompe-l’œil et les éléments de décor donnent l’impression au spectateur de s’immerger dans un monde irréel, naturellement bizarre. Le mélange d’artificialité et d’éléments naturels du Biodôme offre aux Marswalkers la possibilité de détourner l’image et de questionner l’apport du réel.
Entrailles, Lucie LEFEBVRE
Entrailles
Photographie Ektacolor avec rehauts de peinture acrylique sur papier chiffon
152 cm x 104 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
La pratique de Lucie Lefebvre est grandement influencée par un attachement profond au territoire et à la biodiversité. Les paysages créés par l’artiste viennent tester et dépasser les limites du médium. La fascination de Lefebvre pour la nature et pour l’exploration photographique transparaît dans cette œuvre délicate.
La photographie, rehaussée de peinture blanche et légèrement modifiée grâce à un traitement numérique, fait écho à un monde organique, anarchique et poétique. Issue de la série Paysages inachevés, l’œuvre représente des arbrisseaux de mer, noués solidement entre eux. Photographiés sur le bord des falaises des Îles de la Madeleine, ces labyrinthes de branchages et de rhizomes rabougris sont mis en scène de façon à présenter d’étranges cavités, qui rappellent le motif de grottes, ou encore de refuges. De plus, en ajoutant de la peinture et en retouchant légèrement l’image, Lefebvre donne à voir un monde symbolique, rappelant l’intérieur d’un buste. Ces viscères organiques, accompagnées du motif de cœur, viennent renforcer l’analogie entre le corps humain et la nature, un thème cher à l’artiste. Entre corps et nature brute, Entrailles s’approprie le paysage de manière unique et amène le spectateur à discerner, dans les ombres, un univers spirituel, souterrain et onirique.
Première neige sur la Rivière Sainte-Anne, Ivan BINET
Première neige sur la Rivière Sainte-Anne
Impression au jet d’encre
99 cm x 99 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Ivan Binet poursuit une réflexion autour du paysage, qu’il met en scène dans ses photographies. Il explore les divers points de vue des sites qui lui sont familiers et cherche à saisir un instant, une narration, un regard éphémère. En travaillant les perspectives, Binet entraîne dans ses images un effet d’émerveillement, tout en les idéalisant.
Première neige sur la rivière Sainte-Anne fait partie d’un corpus intitulé Répliques (d’après Krieghoff). Binet réalise cette photographie en s’inspirant des œuvres picturales du célèbre paysagiste canadien Cornelius Krieghoff (1815-1872), connu pour avoir peint plusieurs sites de la grande région de Québec. Sur les traces de cet artiste du XIXe siècle, Binet photographie les lieux que Krieghoff a reproduits. Comme le paysage actuel se révèle souvent différent de l’œuvre originale, le photographe réalise un grand travail de composition et de lumière. L’œuvre est ainsi un assemblage de points de vue et le résultat d’un traitement numérique, qui permettent à Binet de créer une photographie pittoresque. Car si Première neige sur la rivière Sainte-Anne se démarque par une composition rappelant la peinture, elle exalte le paysage de façon à établir une comparaison entre elle et la peinture originale. Du coup, Binet réfléchit sur la représentation du passé et ses impacts sur notre société.
Sans titre, Hubert GAUDREAU
Sans titre
Impression jet d’encre sur carton
60 cm x 40,5 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Hubert Gaudreau s’inspire des pratiques documentaires et exploite le potentiel narratif de l’image. Influencé par ses études en anthropologie, il s’intéresse au lien entre l’image et le langage en exploitant l’idée que l’image sert à nous raconter quelque chose. Ses photographies se retrouvent donc à questionner notre perception du réel à travers l’image et le récit qu’elles proposent.
Cette image est issue de la série Les autres imaginaires, que l’artiste a pu accomplir grâce à une bourse Première Ovation et au soutien de VU. Dans cette image, l’artiste pose son regard au sol, s’accorde un moment de pause. Si l’échelle est difficile à capter au premier abord, il s’agit en fait d’un trou dans l’asphalte entouré de pétales blanches. Cette image pose un regard empreint de poésie sur un moment du quotidien, tirant sa beauté des contradictions du sujet.
Saison d’eau douce (#2), Éloïse PLAMONDON-PAGÉ
Saison d’eau douce (#2)
Photographie (impression jet d’encre sur papier de qualité muséale FineArt Baryta Hahnemühle 325 gr/m2 100% cellulose)
96,36 cm x 81,28 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité des Constructions Lévesque Inc. et de Desjardins.
La pratique d’Éloïse Plamondon-Pagé est ancrée dans un parcours entre le Québec et l’Ailleurs, qui devient, au fil de ses voyages, une source d’inspiration et de renouvellement artistique. En ayant bénéficié de résidences un peu partout dans le monde, l’artiste sait s’immerger dans un lieu, un territoire, une expérience. Cela lui permet de développer un nouveau regard sur le monde, à la maison comme ailleurs, en transformant ses expériences en œuvres.
Suite à un séjour en Islande, l’artiste développe une connexion avec le médium vidéo. Elle y filme ainsi compulsivement la lumière, les eaux, le ciel. Par la suite, elle poursuit sa recherche, en accumulant d’autres vidéos contemplatives. En 2021, l’artiste a pu bénéficier d’une résidence à VU, lors de laquelle elle revisite ses vidéos pour les retravailler sous forme de photographies. Elle propose, avec Saisons d’eau douce #2, un temps d’arrêt sur les petits détails de la nature qui nous entoure. Ce n’est plus une nature à conquérir, mais une nature à aimer et à préserver que Plamondon-Pagé souhaite partager avec son travail photographique.
Le ravissement de Dolci et Zurbarán, Claudie GAGNON
Le ravissement de Dolci et Zurbarán
Impression jet d’encre sur papier Rag, peinture et vernis acrylique et poudre d’or
91,4 cm x 51,1cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins et de Galerie 3.
Claudie Gagnon est une artiste qui vit et travaille à Québec. Elle est connue notamment pour ses tableaux vivants, ses sculptures, ses cabinets de curiosité et ses lustres éclectiques. Elle a aussi une pratique en art public, ayant d’ailleurs réalisé l’œuvre Atome ou le fruit des étoiles, qui orne la façade du Diamant. L’artiste travaille la citation et l’appropriation, dans un esprit à la fois ludique et poétique.
Le ravissement de Dolci et Zurbarán fait partie d’un corpus où l’artiste revisite l’histoire de la peinture à travers des recherches rigoureuses. Le corpus n’est d’ailleurs pas sans rappeler ses tableaux vivants. Claudie Gagnon s’inspire ici d’œuvres de Carlo Dolci (1616-1686) et Francesco de Zurbarán (1588-1664), qui l’ont particulièrement marquée en raison des expressions dramatiques de leurs personnages. Dans l’œuvre présentée ici, l’artiste propose une mise en scène photographique, au sein de laquelle elle ajoute ou modifie certains éléments grâce à la peinture. Par exemple, les cheveux et le visage sont entièrement repeints afin d’accentuer l’émotion du personnage. En regardant l’œuvre plus longtemps, il est possible de remarquer des éléments surprenants et anachroniques, comme la gestuelle du personnage, qui rappelle la fameuse salutation de Star Trek. La pince que la dame tient dans sa main est aussi un autre indice du fait que ce portrait ne provient pas d’une autre époque. Gagnon propose donc un tableau classique aux premiers abords, mais qui devient étrange si on le regarde trop longtemps.
Marine, Charles-Frédérick OUELLET
Marine
Photographie argentique et tirage numérique au jet d’encre sur papier Hahnemühle photographique Rag Baryta
61 cm x 165 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Fasciné par la relation entre les forces de la nature, les pratiques sociales et les rituels, Charles-Frédérick Ouellet aborde ces thèmes par le biais de divers éléments, comme des personnages ou encore des traces dans le paysage. Il s’intéresse entre autres aux figures du pêcheur, de l’explorateur ou du chasseur, et de la façon dont ceux-ci cohabitent avec la nature et viennent à la représenter.
Avec la figure du pêcheur, l’artiste montre son intérêt pour l’exploration et l’aventure. En effet, l’expérience du déplacement est un élément central de sa recherche. Pour Marine, Ouellet revisite l’iconographie maritime en plus de mettre l’accent sur la manière dont nous habitons cet espace. Dans une approche plus immersive, cette photographie a été prise à bord d’un chalutier au large de l’île d’Anticosti. Elle témoigne de l’éloignement de la terre et de scènes marquées par la nature imprévisible. L’œuvre est issue du corpus Le Naufrage (2010-2017), au sein duquel Ouellet laisse entrevoir un univers maritime onirique et déterminé par le regard des pêcheurs, de l’aventurier.
L’œuvre et son corpus ont été imprimés chez VU en 2014 et ont depuis été exposés à plusieurs endroits au Québec.
Les ruines des affamées 4, Annie BAILLARGEON
Les ruines des affamées 4
Impression jet d’encre sur papier photographique archive, aquarelle et acrylique
91,4 cm x 51,1 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins et de la Galerie 3.
Annie Baillargeon se démarque par ses œuvres pluridisciplinaires, alliant à la fois photomontage, performance et peinture. Ses compositions sont de véritables mises en scène auto-représentatives, envoûtantes et intrigantes. Issu du projet Les amas, dont les œuvres ont été produites par VU, ce photomontage est un commentaire vibrant sur les mythologies féminines.
La représentation du corps féminin fait partie intégrante de la démarche artistique de Baillargeon. Dans Les ruines des affamées 4, le corps de l’artiste est démultiplié pour représenter quatre rôles souvent imposés au genre féminin (la femme-fille, la femme-mère, la femme-objet et la femme-humaine). Au sein d’un paysage fermé, festif et sombre, les figures mises en scène reflètent une identité accablée de connotations. L’accumulation d’éléments vient dénaturer et cacher l’identité des figures, en plus d’affirmer la dominance de ces objets assignés aux femmes. L’ambiance, à la fois falsifiée et burlesque, rappelle un univers fabulé dans lequel la trace performative est prolongée après l’impression de la photographie. Effectivement, l’artiste intervient directement sur la surface avec de la peinture acrylique et de l’aquarelle pour ajouter une dimension supplémentaire à la relation entre les corps et l’environnement étrange qu’ils habitent. La démarche introspective d’Annie Baillargeon cherche ainsi à ne pas oublier pourquoi l’identité personnelle est voilée, voire dépossédée, par ces objets toujours ancrés dans les mythes sociaux attribués au genre féminin.
Tanta’ré [1;2], Alexis GROS-LOUIS
Tanta’ré [1;2]
Impression au jet d’encre
121,9 cm x 167,6 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Geneviève Marcon et GM Développement dans le cadre d’une initiative de collectionnement qui a pu voir le jour grâce à Desjardins.
Artiste multidisciplinaire, Alexis Gros-Louis s’intéresse à plusieurs thèmes nourrissant son imaginaire. L’identité, la culture autochtone, les systèmes de catégorisation et l’obsolescence n’en sont que quelques-uns. Avec la photographie, l’artiste explore ces sujets et cherche à partager toute la matérialité de ce médium avec le spectateur.
Ce diptyque photographique en noir et blanc représente un paysage hivernal, habité par des arbres, un ciel mat et un lac recouvert de neige. Le paysage, paisible et énigmatique, exprime l’attachement de l’artiste pour ce lac et pour les mythes et légendes wendats qui s’y amarrent. Gros-Louis y fait plus particulièrement appel au récit de la Kabir Kouba, dans lequel un grand serpent est exorcisé par des missionnaires jésuites, et se réfugie ensuite dans la forêt, aux abords du lac Tanta’ré. Pour l’artiste, le serpent représente la culture wendat que les missionnaires ont tenté d’affaiblir. L’aspect vaporeux de la photographie lui donne un aspect pictural, comme s’il s’agissait d’une vision rêvée par l’artiste. Par la valorisation de sa culture à travers ce paysage, Gros-Louis entre en relation avec le territoire et son histoire, tout en faisant de ce lac une image coincée entre le réel et l’imaginaire.
Sans titre, Nathalie LEBLANC
Sans titre
Impression sur papier backlite, lecteur média Raspberry pi, amplificateur et haut-parleur
55,88 cm x 45,72 cm
3:00 minutes
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Nathalie LeBlanc travaille les images, le son et la vidéo en les modifiant à l’aide de procédés volontaires ou involontaires. À l’aide de différents processus de transformation ou de systèmes de hasard, elle retravaille ses captations dans le but de les épuiser ou de les faire dévier.
Sans titre, c’est la collision entre des images superposées que l’on peut observer, représentant les toits du quartier Saint-Roch, à Québec. Pour réaliser ce paysage mouvant, dédoublé, Nathalie LeBlanc combine photographie, vidéo et bande sonore. En 2017, l’artiste pose sur le toit du complexe Méduse une caméra miniature, qui filme en intervalle les bâtiments en plongée. Tournées en timelapse, les images capturées sont projetées sur la photographie initiale qui représente le premier cliché pris par la webcam. Sans mise au point précise, la caméra capte les mouvements du paysage urbain en annihilant les modes d’observation prescrits par la norme. En effet, les regards portés sur l’œuvre sont libérés des contraintes visuelles, ils sont confrontés à un flou étonnant, où reflets sur les vitres, ciel et atmosphère changent au rythme des successions d’images. Cette manipulation du paysage s’accompagne de bruits environnants et ambiants, comme le silence, l’extérieur, ainsi que les visiteurs, enregistrés dans la galerie de VU. LeBlanc souhaite marquer, avec cette œuvre, une notion de passé. Justement, Sans titre deviendra, au fil des années, la trace d’un paysage dynamique en constante mutation. Aujourd’hui, ces toits de Saint-Roch se sont transformés, au rythme de l’évolution urbaine et temporelle. L’œuvre, elle, devient peu à peu un souvenir travaillé, manipulé, à la fois archive et variation constante.
L’œuvre de Nathalie LeBlanc a été entièrement réalisée au sein du complexe Méduse, dans le cadre d’une résidence à L’Œil de Poisson.
Projeté, Marion GOTTI
Projeté
Impression photographique et œuvre sonore
40,64 cm x 60,96 cm
5:13 minutes
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
La production de Marion Gotti se distingue par l’usage de la photographie, de la vidéo et du son. Elle expérimente avec les divers outils et dispositifs de captation pour traiter de l’expérience du temps, de la durée. Ses créations se situent alors entre l’étrange et le poétique, prenant parfois la forme d’autoreprésentations.
Projeté, réalisé en 2019 grâce au parrainage de La Bande Vidéo, appelle à une exploration de l’image au sein d’un espace intérieur. Pour réaliser son œuvre, Gotti utilise un projecteur générant de la lumière bleue, qui est réfléchie sur les espaces de son appartement. Exprimant à la fois l’expérimentation et le quotidien intimiste, la plante est photographiée et sa silhouette est mise en valeur. Le son qui accompagne la photographie diffuse les craquements d’un plancher et le bruit du projecteur utilisé, permettant de recréer l’ambiance dans laquelle l’artiste a créé l’image. L’œuvre permet de questionner l’âme commune et personnelle de l’intérieur domestique. Par l’expérimentation et l’usage du quotidien, Projeté cherche à explorer des terrains fragmentés mais remplis d’imaginaire.
Exercices de mémoire, Giorgia VOLPE
Exercices de mémoire
Impression numérique sur tissu, souliers sonores et ruban audio
89 cm x 135 cm (image)
26 cm x 47 cm (les souliers)
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
C’est en récupérant et en mettant en scène des objets issus du quotidien que Giorgia Volpe, artiste multidisciplinaire, met en valeur une mémoire archivée et oubliée. Dans ses Exercices de mémoire, développés pendant plusieurs années de travail et de recherche, Volpe redonne aux souvenirs collectifs leur tangibilité perdue.
Même si les outils technologiques se multiplient plus que jamais à notre époque, il fut un temps où la mémoire était imprimée sur un support physique. On peut penser aux rubans sonores ou encore aux VHS qui ont pratiquement disparus de notre environnement. C’est cette matière que Volpe exploite dans sa photographie et son installation, cherchant ainsi à faciliter la transmission d’une mémoire universelle. Elle réfléchit sur les gestes du passé, figés dans la pellicule, ainsi que sur le flux incessant de la mémoire.
Exercices de mémoire est une œuvre de longue haleine dont les prémisses ont été développées dans les ateliers de la Mezzanine et d’Avatar entre 2011 et 2012.
(Équilibre fragile), Louis-Karl PICARD-SIOUI
(Équilibre fragile)
Papier, encre, graphite
53 cm x 66 cm
Collection Méduse (acquisition 2024)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Louis-Karl Picard-Sioui est un créateur pluridisciplinaire. Il est écrivain, poète, performeur, historien, anthropologue et commissaire en arts visuels. Membre du clan du Loup du peuple wendat, il a grandi et réside à Wendake. Son premier livre, «Yawendara et la forêt des Têtes-Coupées» (2005), a été finaliste au prix du Salon international du livre de Québec en 2006 dans la catégorie livre jeunesse. Sa poésie est reconnue et diffusée à l’échelle nationale et internationale). En tant que créateur multidisciplinaire, il interroge les frontières poreuses existant entre la fiction et le réel, les genres littéraires, de même que les disciplines.
Avec (équilibre fragile), il se questionne sur la notion d’original et sur la complémentarité des disciplines dans sa démarche. D’abord réalisée en 2018 pour le recueil de poèmes Les visages de la terre (Éditions Hannenorak, 2019), l’œuvre représente les Jumeaux-Créateurs de la mythologie wendat, Iouske’a et Tawihskaron’, sur le point de naître. Il s’agit d’une œuvre hybride, où la composition et le dédoublement de la figure du bébé ont été réalisés de façon numérique à partir de dessins au graphite et à l’encre. Une version miniature de l’œuvre ayant déjà été imprimée en série à l’intérieur du recueil, l’artiste a recréé un original en réalisant une intervention manuelle sur une nouvelle impression grand format. Cette inscription pourrait être perçue comme un retour au geste créateur original, celui de la rédaction poétique dans un carnet. Mais il s’agit d’un leurre : le poème original a d’abord été rédigé à l’ordinateur. Comme notre monde, l’œuvre (équilibre fragile) fut façonnée par un va et vient créatif entre des opposés, ici le monde matériel et le monde numérique. La dernière étape de création fut la même que dans le mythe : le souffle du créateur sur son œuvre. Mais cette fois, c’était pour nettoyer le support des résidus de graphite.
Ensemble, Delphine HÉBERT-MARCOUX
Ensemble
Vidéo numérique à deux canaux synchronisés (image et son), deux téléviseurs à écrans plats, socles en bois, lecteurs BrightSign
8:36 minutes
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Delphine Hébert-Marcoux travaille principalement en vidéo. Par l’installation vidéo ou encore la vidéo performance, elle multiplie les dispositifs qui permettent d’expérimenter l’espace de différentes façons. Elle se questionne ainsi sur la relation entre la personne qui regarde et son espace immédiat, en jouant avec différents paramètres de captation tels que le son, l’éclairage, la boucle vidéo et la double captation.
Ensemble donne à voir une salle plongée dans le noir, sans repères, dans laquelle des outils d’entretien ménager occupent et arpentent l’espace. Hébert-Marcoux dévoile ainsi le travail invisible qui, d’ordinaire, est effectué caché des regards. Elle met l’accent sur les tâches tenues secrètes, comme si elle montrait l’envers du décor noir qu’elle investit. À l’aide de deux canaux vidéo, l’artiste génère des images synchronisées, qui montrent le seau et la serpillère effectuant leur danse. La manière dont l’artiste a filmé cette chorégraphie ménagère est particulière. En utilisant deux caméras, l’une fixe, l’autre en mouvement, les objets sont dédoublés pour montrer différents points de vue. Un plexiglas fumé, installé entre les deux caméras, crée une réflexion qui montre le verso du travail et l’autre côté de l’espace. Le titre de l’œuvre, Ensemble, réfère au dispositif de tournage utilisé par l’artiste, à l’installation et aux objets illustrés. Hébert-Marcoux célèbre ici la dualité et le dédoublement sous toutes ses coutures grâce à cette œuvre empreinte de réalisme et de symbolique.
L’œuvre de Delphine Hébert-Marcoux a été réalisée dans le cadre de Manif d’art 10.
Tho ihchien’ ha’yeht hewetha’ de ändichia’ – Je marche vers toi grand-mère, Anne ARDOUIN
Tho ihchien’ ha’yeht hewetha’ de ändichia’ – Je marche vers toi grand-mère
Esquisses à l’aquarelle, au crayon à l’encre pigment et/ou à l’encre
28 cm x 35,5 cm (chaque dessin)
Collection Méduse (acquisition 2024)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Anne Ardouin est une artiste en arts visuels et chercheure, membre de la Nation huronne-wendat. Son travail s’intéresse aux imaginaires liés au paysage et aux milieux de vie. Titulaire d’une Maîtrise en arts visuels de l’Université Concordia et d’un Doctorat en études paysagères et culturelles de l’Université de Montréal, elle a présenté l’exposition Une rivière merveilleuse (2019), où elle explore, à travers le dessin, la photographie et la cartographie, neuf confluents de la rivière Akiawenhrahk en collaboration avec les mots d’Andrée Levesque Sioui. Travaillant entre Québec et Opitciwan, elle est également chargée de projet dans le secteur Éducation.
Tho ihchien’ ha’yeht hewetha’ de ändichia’ – Je marche vers toi grand-mère évoque pour Anne Ardouin le récit poétique d’une quête vers ses origines identitaires. À travers une série de six esquisses mémoires, l’artiste tisse des liens sensibles avec des lieux de recueillement et des parcelles de paysages rencontrées dans les forêts des territoires wendat et atikamekw. L’œuvre s’inscrit dans une démarche documentaire, à la fois poétique et scientifique, visant à créer un dialogue entre les récits humains et les éléments de la nature. Observant ses sensations et les phénomènes naturels qui l’entourent lors de ses promenades, Anne Ardouin invente une cartographie imaginaire de lieux immobiles, hors du temps. Dans ses dessins, elle privilégie des lignes simples et spontanées, cherchant à décrire les espaces et à inviter à une réflexion sur l’environnement et l’ancrage identitaire au milieu de vie.
Samares, Camille BERNARD-GRAVEL
Samares
Pellicule de mylar argentée, acrylique transparent, ventilateurs, métal et ampoule DEL
91,44 cm x 350,52 cm x 60,96 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité d’Électricité MC2 et Desjardins.
Camille Bernard-Gravel axe sa pratique multidisciplinaire sur les mondes naturels et technologiques. Métaphore du monde naturel en mouvance, son œuvre Samares regroupe une multitude de petites semences d’érable reproduites en matériau métallique, suspendues à un plan incliné. Elles virevoltent au gré d’un vent artificiellement créé par des ventilateurs. L’œuvre est le résultat d’observations de paysage et de « bidouillage low tech ».
Cette installation cinétique recrée une sorte de jeu observable dans la nature : celui du vent, du bruit et des ondulations perpétuelles. Taillés dans une pellicule de mylar, les hélicoptères dansent et créent un bruissement ainsi que des reflets, semblables à de l’eau. L’artiste évoque des systèmes naturels du quotidien, auxquels on ne prête pas souvent attention. Le mimétisme présent dans Samares vise justement à présenter des phénomènes qui captivent le regard par leur aspect performatif et miroitant. Le but de Bernard-Gravel est de dévoiler les mécanismes des forces dynamiques de la nature qui nous entoure, tout en permettant à l’observateur d’apprécier la féérie envoûtante d’une nature unique.
L’œuvre a notamment été présentée en 2018 dans le cadre du Mois Multi de Québec.
Terres intérieures, Anne-Marie PROULX
Terres intérieures
Photographie et son
101,6 cm x 123,1 cm
26 min 25
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
En harmonie avec la nature, Anne-Marie Proulx interpelle d’une façon inédite les relations entre le vivant et son environnement. Son univers poétique, matérialisé grâce à la photographie, interroge les espaces vivants et naturels avec une réflexion centrée sur le partage d’idées et de regards. Terres intérieures est issue de Terres éloquentes, une œuvre réalisée en 2019 dans le cadre de Manif d’art 9. Dans cette œuvre, Proulx donne la parole et le piédestal au territoire innu, le nutshimit.
Car si les liens entre le vivant et les espaces naturels sont si puissants et importants dans la démarche de Proulx, c’est qu’ils engendrent de riches discussions. Installés dans une tente, en pleine nature, Proulx et son ami Mathias Mark ont l’occasion de rêver et de parler de ce que cette tente représente pour chacun et chacune. Les paroles de Mathias Mark viennent commenter en innu, puis en français, ses sentiments et ses impressions face à la tente. Celle-ci devient un repère, les images étant placées selon un motif de constellation par l’artiste, qui met en valeur les reflets de lumière et l’ombre des arbres projetés sur la toile. En plein milieu du nutshimit, l’artiste invite à le parcourir, à le découvrir et à s’imprégner des forces naturelles qui s’en échappent. C’est un regard intime lié à la perception du territoire et à l’esprit qui naît de ces dialogues, qui entraînent l’observation méticuleuse des êtres et des forces habitant la nature. Malgré le silence des paysages, l’œuvre partage une voix des terres innues. Elle raconte une vision poétique du territoire, des esprits et des forces qui lient vivants et nature.
L’œuvre existe grâce à l’appui d’Avatar, de VU et de Manif d’art.
Prémices à une guerre bactériologique et religieuse en terre d’Amérique, Teharihulen Michel SAVARD
Prémices à une guerre bactériologique et religieuse en terre d’Amérique
Laine, acrylique, verre et métal
182,88 cm x 144,78 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Teharihulen Michel Savard, membre de la maison longue Akiawenrahk de Wendake, est un artiste multidisciplinaire autodidacte qui célèbre la culture et l’imaginaire de son peuple. Il intègre dans chacune de ses œuvres l’expérience des Wendats grâce à différents symboles et à leur riche histoire.
L’œuvre Prémices à une guerre bactériologique et religieuse en terre d’Amérique possède un titre des plus évocateurs. Cette grande couverture, agrémentée de motifs peints et de chapelets, représente un pan sombre de l’histoire coloniale au Québec. Alors que les premiers Européens arrivent dans le Nouveau Monde, des maladies se propagent et de nombreux Autochtones en sont victimes. Dans l’œuvre, des bactéries couvrent entièrement la couverture qui, d’ordinaire, est un symbole de refuge et de réconfort. La présence de chapelets montre, quant à elle, l’influence négative de la religion catholique ayant tenté d’affaiblir la culture des Premières Nations.
Fier de ses origines, Savard est une figure exemplaire de l’affirmation de l’identité autochtone. L’artiste a également participé à l’exposition Panorama de VU en 2021.
Le Québec en Floride, Marc-Antoine K. PHANEUF
Le Québec en Floride
Crayon de bois sur papier
65 cm x 136 cm (avec cadre)
23 cm x 15 cm (chaque dessin)
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Dans sa pratique, Marc-Antoine K. Phaneuf s’intéresse grandement aux discours contemporains et populaires qui marquent notre époque. Avec humour, l’artiste crée des œuvres basées sur ses observations de la société et partage son propre point de vue sur la culture populaire québécoise.
Son travail questionne les rapports que la société actuelle entretient avec les icônes contemporaines sous un angle sociologique. Le Québec en Floride est une œuvre composée de huit dessins, tous créés à partir d’un vieux livre éponyme datant des années 1980. Sur les pages de cet ouvrage qu’il découpe, MAKP esquisse une explosion colorée, monochrome et vive, donnant à la narration de l’image une toute autre intensité. L’action présente dans chaque photographie est alors soulignée de manière à attirer le regard sur des expressions ou des éléments particuliers qui animent la page. En effet, l’artiste insiste sur les visages enjoués et les effets de mouvement grâce au contraste de la couleur et du noir et blanc, offrant par le fait même un amusant effet coup de poing.
Nionwentsio d’hier et d’aujourd’hui, Manon SIOUI
Dessin 12, Ludovic BONEY
Dessin 12
Papier sablé et crayons de couleur
106,7 cm de diamètre
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Originaire de Wendake, Ludovic Boney se démarque sur la scène artistique de Québec par ses œuvres d’art public de grande envergure. Empreintes de tendances minimalistes, ses sculptures monumentales jouent avec les couleurs, les formes et l’espace dans lequel elles se trouvent. Ses œuvres, accessibles à tous les publics, s’inspirent de l’ambiance de leurs environnements pour s’harmoniser au paysage et à l’architecture.
La série Dessin est réalisée à partir de grands cercles de papier sablé. Ces énormes feuilles ont servi à polir les œuvres sculpturales de Boney : chaque dessin peut ainsi être associé à une œuvre selon sa date de création. L’artiste, au lieu de jeter les feuilles lorsqu’elles étaient trop usées, a utilisé des crayons de couleur pour marquer la matière. Réel témoin de la réalisation d’une sculpture, le papier sablé du Dessin 12 est agrémenté de couleurs vives. À la manière d’une cible, des cercles s’accumulent pour former des lignes concentriques, qui contrastent avec la couleur du papier sablé et qui créent un effet abstrait et hypnotisant.
Empaysage… Côté fleuve 2, Eveline BOULVA
Empaysage… Côté fleuve 2
Graphite sur contreplaqué
107 cm x 71,5 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Le processus de création d’Eveline Boulva est axé sur les espaces naturels et les territoires occupés par l’humain. Grâce au dessin, celle-ci transcrit le réel et ses observations objectives. Elle cherche d’abord à comprendre les impacts des activités humaines sur l’environnement. On retrouve donc dans son travail des paysages marqués par des zones agricoles, des zones industrielles ou encore par des routes – des lieux qui permettent de décrypter les relations entre les gens et leurs milieux de vie.
Empaysage… Côté fleuve 2 dépeint justement ces infrastructures modernes, longeant le fleuve Saint-Laurent, qui symbolisent l’occupation du territoire. Boulva, à bord d’un avion, a pu prospecter et photographier le territoire afin d’obtenir une image en plongée avec une vision très large. L’artiste donne donc à voir des points de vue et des échelles de grandeur inusités, alternant entre proximité et lointain. Tout en préservant un aspect photographique, elle dessine ici une partie du boulevard Sainte-Anne. Au premier plan, un vieux centre commercial désaffecté ouvre la voie à une perspective vibrante, devenant de plus en plus fantomatique au fur et à mesure que le regard s’élève. L’œuvre est réalisée grâce à de nombreuses couches de poudre de graphite : avec l’aide de pochoirs, Boulva crée différentes teintes de gris tout en brouillant l’image. Cette réappropriation du paysage et du littoral intègre une lecture du territoire abstraite et critique, donnant à l’environnement son autonomie.
La déconstruction du temps, Myriam Lambert
La déconstruction du temps
Son, impression jet d’encre
177 x 38 cm
11 min 16 s
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Myriam Lambert explore les notions de l’identité et du temps par le biais de l’art sonore, de l’art électronique, de l’installation, de la performance et de la littérature.
L’œuvre La déconstruction du temps est conçue pour évoluer de manière subtile et progressive. Cette composition sonore de motifs répétitifs a été élaborée comme introduction à la performance Contacts, réalisée pour l’évènement de clôture du 30e anniversaire d’Avatar, présentée par Rad’art (Italie), au Cinéma Beaumont de Méduse en 2023.
À travers un kaléidoscope sonore, cette composition propose un voyage lent passant du délicat frémissement des instruments à cordes à la plainte mélancolique de l’harmonica, aux battements rythmiques des percussions et aux souffles. Ces éléments se superposent avec une délicatesse calculée, s’entrelaçant harmonieusement pour tisser la toile audio.
Progressivement, ces motifs sonores s’entremêlent et se construisent, comme les pièces d’un puzzle audio se rassemblant lentement; la composition gagne en complexité, offrant une atmosphère hypnotique. Rendus à leur apogée, les motifs familiers commencent à se disséquer, à se désintégrer, comme une pulsation qui s’éteint lentement.
Ainsi, cette composition sonore soigneusement orchestrée sert non seulement de prologue à la performance Contacts, mais incarne également une exploration de la temporalité.
Tapis, monobande tirée de la série d’animations Objets-Matières, Mélanie BÉDARD
Tapis, monobande tirée de la série d’animations Objets-Matières
Vidéo (animation images par images), grillage en acier galvanisé, laine, tissus variés (fibres naturelles et synthétiques)
203 x 109 cm
4 min
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Mélanie Bédard s’intéresse au regard singulier de chaque individu sur son environnement. Au cœur de ses préoccupations se trouve la notion de paysage expérientiel, qu’elle décrit comme un paysage global, vécu à la fois comme une interaction entre la personne et son environnement, mais aussi comme une expérience personnelle et introspective.
Tapis est une monobande tirée de la série Objets-Matières de la phase 1 du projet installatif L’oiseau qui plane et ne cesse d’agrandir son cercle. Sur un écran de 4 pieds sur 8 pieds, Mélanie Bédard invite des artistes à un dialogue créatif diversifié et incarné dans la matière. Les participants explorent une variété de médiums tels que la peinture, la sculpture, la céramique, le tricot, le petit point, et le travail du son. Dans un esprit de coopération et de liberté, ces gestes créatifs sont mis en scène de manière collaborative et spontanée. Les films d’animation, produits image par image, émergent d’un laboratoire de création ouvert et intuitif, célébrant l’amitié et la fusion des savoir-faire.
Le Comité d’Organisation de la Solitude Spatiale supervise 604 800 secondes de la vie de Julien Lebargy, Julien LEBARGY
Le Comité d’Organisation de la Solitude Spatiale supervise 604 800 secondes de la vie de Julien Lebargy
Bois, Raspberry Pi, aluminium et vidéo
24 x 35 x 10 cm
Une semaine (604 800 secondes)
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins et de Julien Lebargy.
Depuis 2016, Julien Lebargy travaille sur un vaste projet multidisciplinaire (sculpture, peinture, performance, projet conceptuel, écriture, etc.) intitulé Programme de découverte spatiale pour ceux qui mélangent les chiffres et la poésie (S4DP+). Sous l’apparence de méthodes scientifiques rigoureuses, ses œuvres confrontent l’autorité de l’ordre par le jeu, l’humour et la poésie. Son intérêt pour les procédures et les protocoles se traduit par des expériences pseudoscientifiques et des projets conceptuels où ses règles personnelles le confrontent à son incapacité à suivre l’autorité.
Le Comité d’Organisation de la Solitude Spatiale supervise 604 800 secondes de la vie de Julien Lebargy (C.O.S.S.) est une performance d’une semaine. La performance, réalisée du 7 au 14 septembre 2018, consistait à vivre seul dans un espace clos dans le cadre d’un entraînement pour un futur voyage spatial fictif. Un manuel dictait chacun des gestes de l’artiste minute par minute sous la surveillance de caméras de sécurité et des administrateurs du C.O.S.S.
Cette expérience, filmée et diffusée en direct dans la vitrine/galerie de la Manif d’art en 2018, sur YouTube et sur Twitch, expérimente l’isolement, la solitude, l’aliénation et le rapport à l’autorité.
Ce dispositif vidéo permet de découvrir l’intégralité de la performance par fragments à l’aide des boutons qui se situent à gauche de l’écran. Le canal Lebargy présente le projet par une série de vidéos réalisées par Julien pendant son isolement.Le canal C.O.S.S. présente la performance vue par le public et les administrateurs du projet.
Dans la forêt, Paul BRUNET
Dans la forêt
Acrylique sur toile
122 cm x 91,4 cm
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Le travail de Paul Brunet exploite l’esthétique du détournement. En se réappropriant une multitude d’images et d’approches picturales, il explore les décalages possibles en peinture. Les icônes populaires, qui ont occupé une place très importante dans sa pratique par le passé, sont maintenant pour la plupart remplacées par des scènes plus près du quotidien, conférant un côté plus intime à son travail. Utilisant le numérique dans la conception de ses œuvres, il s’interroge sur l’écart entre peinture et imagerie numérique tout en accordant une importance primordiale à la matière-peinture.
Dans la forêt, spécialement conçue pour l’exposition Storytelling dans le cadre des célébrations du 375e anniversaire de la ville de Montréal, transcende les limites du figuratif. Réinterprétant une photographie de la culture populaire (Cara DeLavigne photographiée par Jonnie Craig dans une série intitulée Bourne in The Woods), l’œuvre propose une vision nouvelle et détournée du sens premier de l’image. Plongeant dans un univers pictural mystérieux, chaque élément, de la texture à la palette de couleurs, est redéfini. Le visage du personnage, aux traits accentués, évoque une notion de fluidité de genre, invitant les spectateurs à réfléchir sur la diversité des identités dans notre société contemporaine.
Nos Coeurs Ratchets, Aïcha BASTIEN-N’DIAYE et Dgino CANTIN
Nos Coeurs Ratchets
Vidéo, bois, plexiglas, plâtre et matériaux divers 109 cm x 96 cm
13 min 20 s
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Nos cœurs ratchets, créée dans le cadre de Yahndawa’ : Portages entre Wendake et Québec (2022), est issue d’une rencontre entre deux univers artistiques, qui s’hybrident et se percutent avec harmonie au sein d’un triptyque vidéographique. Avec cette œuvre, Dgino Cantin et Aïcha Bastien-N’Diaye s’allient dans une union surprenante qui mixe danse, sculpture et installation.
Traces d’une performance ayant eu lieu à L’Œil de Poisson en 2022, l’œuvre traverse divers univers, comme la chasse, la boxe ou encore les cabarets. Les sculptures réalisées par Cantin sont transformées en accessoires de mode improbables, que Bastien-N’Diaye, portée par des gestes impulsifs, abîme avec violence et poésie. Au contact contre le sol, des éclats de plâtre émergent et inscrivent les actions et les mouvements dans l’espace. Des artéfacts de cette performance sont ici exposés, une façon d’illustrer le souvenir tangible de cette collaboration artistique.
Le Naufrage (de la suite Scènes de genres), Jacynthe CARRIER
Le Naufrage (de la suite Scènes de genres)
Impression au jet d’encre
61 cm x 187 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Jacynthe Carrier explore les relations entre le corps et l’environnement par le biais de rassemblements performatifs. C’est en invitant des personnes à réaliser des actions et à investir les lieux que l’artiste aborde la notion de la présence et de la connexion au territoire. Entre actions quotidiennes et mises en scène, ses œuvres proposent une vision poétique du corps collectif.
Réelle construction de prises de vues, cette photographie illustre un assemblage d’objets hétéroclites et de personnages transformés en accessoires vivants. La trame narrative qui se crée vient donner à l’œuvre tout son mystère, rappelant Le Radeau de La Méduse de Théodore Géricault (1818-1819). Grâce à la photographie, Carrier récolte les traces de la performance et l’immortalise dans une composition à la fois énigmatique et délicate. Les personnes qui sont photographiées dans ses œuvres ont de nombreux accessoires, porteurs de sens. Ces corps deviennent à leur tour ornementaux, alimentant la trame narrative.
L’œuvre Le Naufrage a été conçue lors d’une résidence-exposition au centre VU en 2009 et a été présentée lors de la première exposition solo de l’artiste.
J’aime la géologie III, Audrée DEMERS-ROBERGE
J’aime la géologie III
Crayons de couleur, cartons brillants et papier Arches
71,12 cm x 55,88 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Construction Lévesque et de Desjardins.
Audrée Demers-Roberge s’intéresse à la nature, plus précisément aux rythmes et aux dynamiques derrière les environnements naturels, les organismes l’habitant ou les phénomènes les caractérisant. Elle cherche ainsi à développer une relation de proximité avec celle-ci. Pour elle, le territoire est un lieu de mémoire collective, dans lequel elle réalise elle-même ou avec des modèles des actions et des interventions qui s’accumulent dans le temps et dont la photographie argentique et la vidéo sont habituellement les seuls témoins. Sa pratique est fondamentalement indisciplinée, ainsi différents médiums se côtoient et évoluent simultanément. Le voyage occupe également une place importante dans son travail en générant des moments essentiels à son processus de création.
La série J’aime la géologie, commencée en 2019, est composée de quatre œuvres illustrant des territoires géologiques. Avec l’aide de crayons de couleur et de cartons brillants coupés au couteau de précision, l’artiste présente des formations rocheuses colorées et étincelantes, oscillent entre ce que l’on peut reconnaître comme objet ou simplement des formes et textures. Les textures issues de la gestuelle du dessin et des cartons brillants, rappellent des minéraux incrustés dans la roche brute et témoignent de l’esthétisme naturel des formations.
J’aime la géologie III a été exposée à la bibliothèque Claire-Martin dans le cadre de Manif d’art en 2021.
Le réveil de l’ours noir, Reno SALVAIL (1947-2023)
Le réveil de l’ours noir
Impression sur papier chiffon monté sur Dibond
100 cm x 97 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Reno Salvail était un artiste aventurier qui utilisait ses expéditions comme lieu de création, source d’inspiration et matière première. Alliant des expériences physiques à une démarche plus intellectuelle, les œuvres de Salvail sont le résultat d’exploits accomplis par l’artiste, témoignant d’une exploration de territoires lointains ou sauvages.
Ici, la photographie de Salvail est représentative de son intérêt pour l’aventure et l’appropriation du territoire.
Le réveil de l’ours noir est issue d’un projet artistique nommé Les rivières de feu (2004-2010), pour lequel l’artiste avait visité différents sites volcaniques autour du monde dans le but d’y apposer des œuvres in situ. En pleine expédition vers la grande faille du lac Frotet, au nord de Chibougamau, l’artiste avait croisé une immense masse noire. À la vue de l’ours, confus et surpris, Salvail avait sorti un petit appareil et avait pris une photo avant que l’animal ne disparaisse dans la forêt. L’aspect flou et la faible définition de la prise de vue donnent à l’œuvre un caractère très particulier, la rapprochant davantage du fusain que de la photographie. Le flou témoigne aussi de l’intensité du moment de la rencontre avec l’ours.
Reno Salvail laisse le souvenir d’un artiste engagé et d’un enseignant passionné, ayant marqué son époque par plus de quarante ans de carrière. Son regard singulier s’est manifesté à travers ses œuvres exposées au Québec et à l’étranger.
La raison du mouvement no. 1, Paryse MARTIN (1959-2024)
La raison du mouvement no. 1
Aquarelle et encre sur papier
91,4 cm x 127 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
L’univers fantaisiste de Paryse Martin s’inspirait de la nature, de la poésie et des contes fantastiques. Elle a créé des œuvres oniriques où la théâtralité côtoyait le réel, donnant des résultats à la fois étranges et poétiques. L’artiste soulevait dans son art les paradoxes de la vie humaine, en y faisant cohabiter des thématiques opposées, comme le quotidien et le spectaculaire, l’humain et la bête, ou encore le réalisme et la magie.
Dans La raison du mouvement no. 1, tous les éléments représentés s’influencent entre eux. Assemblé comme une énigme, ce dessin donne à voir un éclectisme harmonieux, au sein duquel animaux, têtes, personnages et fournitures fantastiques forment un parcours : chaque ligne de force mène le regard du spectateur vers un autre élément, comme une chaîne visuelle. Pour Martin, ce type de représentation permettait de soulever une réflexion sur le monde qui nous entoure.
Professeure à l’École d’art de l’Université Laval, Paryse Martin laisse le souvenir d’une artiste prolifique et admirée, dont la pédagogie était empreinte d’une grande générosité.
Monolithe 1, Idra LABRIE
Monolithe 1
Impression jet d’encre sur papier sur papier Hahnemühle
70,5 cm x 53 cm
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Idra Labrie recherche du sublime dans l’ordinaire et l’expérimental au travers d’œuvres photographiques. Sa pratique artistique se caractérise par un intérêt pour les approches aussi archaïques que technologiques, avec une esthétique minimaliste. Ses récentes séries, telles que Travaux nordiques et Racinaires, explorent les notions de fugacité et de cycles naturels, créant des structures ambiguës et mystérieuses qui reflètent la temporalité et la transformation.
Monolithe I, qui fait partie de la série Travaux nordiques réalisée entre 2019 et 2022, est un exemple représentatif du travail de Labrie. Ces photographies documentent un processus de culture de givre sur plaques de verre, mené à l’extérieur dans les conditions hivernales du Québec. Malgré les contraintes et l’imprévisibilité de ce processus expérimental, l’artiste parvient à capturer des images étranges et mystérieuses. Monolithe I transcende la bidimensionnalité et rappelle plutôt une formation géologique tridimensionnelle. Cette série photographique a dû être mise sur pause en raison des changements climatiques, son système de croissance de cristaux nécessitant des températures en deçà de -25 °C pour se concrétiser. Les expérimentations du photographe se poursuivent tout de même dans la série Racinaires, où il explore l’indétermination contrôlée à travers la culture de végétaux.
Cette œuvre a été présentée lors de l’exposition m u t a t i o à l’espace européen de VU en 2022.
Margot Fortin, 70 ans et Marcia Lalonde, 8 ans, Québec, Catherine BÉLANGER
Margot Fortin, 70 ans et Marcia Lalonde, 8 ans, Québec
Animation par rotoscopie
1 min 28 s
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Catherine Bélanger explore le patrimoine immatériel à travers une démarche interdisciplinaire axée sur les rituels quotidiens. Dans son approche basée sur la rencontre et le don, elle met en valeur certaines activités humaines au moyen de l’animation, de la vidéo, de l’art sonore et de l’installation numérique et interactive. Sa méthode de captation anthropologique préserve ainsi ces gestes, en soulignant leur importance dans notre société. Son travail stimule la mémoire affective et réfère à notre identité individuelle et collective.
L’œuvre Margot Fortin, 70 ans et Marcia Lalonde, 8 ans, Québec résulte d’une collaboration avec Avatar et La Bande Vidéo, inscrite dans le projet plus vaste Recueil de gestes pour nourrir. Ce projet, réalisé en partenariat avec le Musée de la civilisation de Québec et soutenu par une bourse Arts multi de Première Ovation, constitue un répertoire de gestes individuels posés dans l’espace de la cuisine, révélant les secrets d’exécution de différentes femmes.
Dans son œuvre, Bélanger se concentre sur Margot Fortin et sa petite-fille Marcia Lalonde, capturant leurs gestes culinaires empreints de tendresse. Les mouvements sont extraits à l’aide de la méthode d’animation traditionnelle par rotoscopie. Ces gestes, symboliques de la transmission intergénérationnelle, sont préservés et transposés sous la forme visuelle d’un cartogramme animé qui se déploie dans une représentation dessinée et épurée de la cuisine en arrière-plan. L’ambiance sonore, rythmée par le délicat bruit répétitif du tamis à farine, souligne la fragilité de ces mouvements et la précarité de leur mémoire. L’œuvre redonne ainsi une valeur à ces actions humaines.
Discrete Stream of Light – 4.0, Guillaume CÔTÉ
Discrete Stream of Light – 4.0
Son et plexiglas
20 cm x 20 cm
18 min 29 s
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
L’artiste sonore Guillaume Côté explore les dynamiques territoriales, linguistiques et sociales propres au Québec en utilisant un mélange de matériaux concrets, synthétiques et vocaux. Sa recherche artistique repose sur la rencontre de l’Autre à travers un langage musical narratif, tout en explorant l’abstraction des systèmes modulaires. Il est cofondateur de la boîte de création audionumérique Trames, du collectif Falaises, et membre du duo Aubes.
Discrete Stream of Light, est sa première publication en solo après avoir collaboré à plus d’une vingtaine de projets. La pièce a été créée en mars 2022 à la fin d’un hiver sans fin. La pièce-fleuve se découpe en quatre mouvements distincts. L’artiste utilise des synthétiseurs dans le but de s’éloigner du figuratif découlant de la prise de son. Par la synthèse, il souligne le caractère modulable du son et sa capacité à créer des images pour le public.
Pour la Collection Méduse, Côté présente une dérive de son œuvre originale, destinée à être appréciée avec des écouteurs.
Système de coordonnées cartésiennes 02, Anne-Marie GROULX
Système de coordonnées cartésiennes 02
Tissage Jacquard, polyester, coton et métal
51 x 46 cm (pour le tissage),
125 cm x 46 cm (incluant les cordes)
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de la famille Dionne-Blouin-Fournier dans le cadre d’une initiative de collectionnement qui a pu voir le jour grâce à Desjardins.
Anne-Marie Groulx crée des objets abstraits en textile qui témoignent de son intérêt pour les structures architecturales. Travaillant ses tissages dans une logique de plan d’élévation, ses œuvres traduisent des systèmes qui témoignent des connaissances et des moyens techniques de l’artiste. L’œuvre est par la suite tissée sur un métier Jacquard. La façon de présenter l’œuvre est aussi pensée en fonction de la pièce et s’inscrit en cohérence avec celle-ci. C’est le cas, d’ailleurs, de sa série Une vague idée d’une partie universelle non singulière, à laquelle appartient Système de coordonnées cartésiennes 02.
Dans cette œuvre, c’est à partir d’esquisses numériques que l’artiste génère des superpositions aléatoires et laisse voir la structure du tissage, avec son motif de grille et les différentes couches de fils. Les motifs de différentes couleurs et épaisseurs s’enchevêtrent pour créer une structure vibrante de contrastes. Ils dévoilent la technicité de l’objet tout en soulignant l’importance de chaque fil pour former les bandes et créer les différentes teintes.
Le corps est un belvédère ou You Are The Most Beautiful Scenery I Have Ever Seen, Olivier ROBERGE
Le corps est un belvédère ou You Are The Most Beautiful Scenery I Have Ever Seen
Contre-plaqué russe, styromousse, figurines à l’échelle HO, peinture acrylique, vitrine acrylique, flocage et autres matériaux divers
183 cm x 25 cm x 25 cm
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Formé en ébénisterie artisanale, Olivier Roberge conçoit des paysages sculpturaux miniatures qui s’apparentent à des mondes poétiques. En s’inspirant du savoir-faire des maquettistes, il réalise des paysages où se mêlent nature bucolique et technologie, imaginaire et lucidité, passé, présent et futur, dans une tentative d’unification de ce qui semble a priori séparé. Ses œuvres matérialisent ainsi un travail sur l'(in)compatibilité, interrogeant notre relation à la nature et notre compréhension du monde.
Le corps est un belvédère ou You Are The Most Beautiful Scenery I Have Ever Seen remet en question la fonction des belvédères, souvent esthétiquement inadaptés à leur environnement. Placée au sommet d’une montagne, cette construction d’apparence bancale évoque la fragilité de notre propre corps et, par son échelle, invite à le considérer lui aussi comme un belvédère. Cette œuvre incite à s’émerveiller du paysage offert, où que l’on se trouve. Placée dans une boîte transparente de tous côtés, la sculpture permet aux spectateurs de regarder les autres observateurs, les transformant en géants.
Territoires_2021.03, Luca FORTIN
Territoires_2021.03
Sérigraphie sur papier marouflé sur bois et peinture acrylique
45,7 cm x 45,7 cm
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
La pratique de Luca Fortin oscille entre l’art et l’architecture, se concentrant sur la durabilité des matériaux et la beauté du vieillissement. Son travail pictural interroge les contrastes entre la solidité de la matière et sa vulnérabilité au passage du temps. Par le biais de gestes répétés et superposés, il crée des compositions abstraites qui évoquent une surface éthérée, presque indéfinissable. Dans son processus artistique, il laisse une part importante à l’imprévu, mettant en avant la fragilité et la malléabilité des matériaux qu’il utilise.
Dans cette œuvre, Fortin s’inspire de la fragilité et de la malléabilité du papier. Il cherche alors à susciter des chemins inattendus en utilisant la peinture et l’eau pour rendre la surface du papier instable, permettant ainsi l’émergence de gestes libres et spontanés.
Les sérigraphies utilisées dans cette œuvre ont été réalisées lors d’une résidence de création à Engramme en 2014, suivie d’une exposition en 2015. Les impressions supplémentaires issues de cette résidence sont devenues les matériaux premiers de nombreuses explorations picturales impliquant le papier, dont cette création est un témoin direct.
Conversation autour d’une planète bleue, France MCNEIL
Conversation autour d’une planète bleue
Gravure, collage, crayons feutres et acrylique sur papier marouflé sur toile
118 cm x 118 cm x 3 cm
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Dans son travail pictural, France McNeil s’inspire d’enchevêtrements de branches pour créer des abstractions géométriques, révélant ainsi la complexité, la beauté et la fragilité de la nature. Ses représentations, inspirées de la forêt, se posent en métaphores des liens qui unissent les êtres humains à leur environnement, soulignant ainsi les connexions qui tissent, relient et identifient les vivants.
L’œuvre Conversation autour d’une planète bleue explore le réseau de communication des arbres à travers leurs systèmes radiculaires complexes. Le tableau dépeint la planète bleue comme un nid construit à partir de collages de gravures évoquant les racines et les radicelles nourricières. Cette œuvre combine estampe et peinture pour exprimer la préoccupation environnementale de McNeil et nous inciter à l’action face à la menace que représentent les activités humaines pour les écosystèmes. Dans cette œuvre, l’arbre devient un symbole de résilience. Les feux de forêt de l’été 2023 ont renforcé cette réflexion et accentué l’urgence d’agir, menant ainsi l’artiste à choisir précisément cette œuvre pour la Collection Méduse.
qu’un reste de plafond suspendu, Pascale LEBLANC LAVIGNE
qu’un reste de plafond suspendu
Bois, vitre et panneau de plafond suspendu
60,96 cm x 121,92 cm
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Par le biais de procédés mécaniques simples, Pascale LeBlanc Lavigne réalise des œuvres cinétiques et sonores à partir de matériaux modestes, souvent récupérés ou de nature industrielle. La résistance de ces matières brutes ainsi que la structure même de ses créations sont mises à l’épreuve sous l’effet de mouvements imprécis et répétitifs afin de dévoiler leur fragilité, leur souplesse, et ainsi, leur poésie. Ses œuvres, instables et parfois éphémères, oscillent entre création et destruction, générant des formes aux échos poétiques dans un état transitoire.
L’installation Plafond suspendu rassemble plusieurs sculptures cinétiques et sonores construites à partir de tuiles de plafond suspendu, un matériau courant dans les établissements publics et les sous-sols des maisons québécoises. Chaque sculpture est animée par son propre mouvement, mettant à l’épreuve la résistance de sa matière et de sa structure. Au fil du temps, ces sculptures tendent à s’effriter, révélant ainsi la fragilité et l’éphémérité de leur dispositif.
L’œuvre qu’un reste de plafond suspendu prend la forme d’un tableau de 2 pieds x 4 pieds. Fragment d’une installation plus vaste, l’œuvre révèle les restes d’une tuile de plafond suspendu, transformée par les mouvements répétitifs des moteurs lors de l’exposition de l’installation présentée initialement à Plein sud (Longueuil). Elle devient ainsi le témoin visuel et temporel de l’installation éphémère.
Le dépouillement de l’anguille, Christine COMEAU
Le dépouillement de l’anguille
Impression jet d’encre sur papier Photo Rag 308 63,5 cm x 91,5 cm x 4,5 cm
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Christine Comeau explore la mobilité comme une métaphore de la quête identitaire, à la fois personnelle et collective. Elle conçoit des abris temporaires inspirés des tentes des peuples nomades, symbolisant à la fois le refuge et une identité en constante évolution façonnée par les voyages. Ses créations incluent également des « vêtements relationnels » qui encouragent le partage et la négociation entre deux personnes qui doivent se glisser à l’intérieur. Cette approche se traduit par des installations performées induisant un dépaysement tant extérieur qu’intérieur.
Cette image est issue du projet multidisciplinaire Le dépouillement de l’anguille, où des chorégraphies lentes et sobres sont réalisées dans la nature sauvage du nord de la région du Lac-Saint-Jean. Les performances, documentées par des séquences vidéo et des photographies, explorent les notions de frontière, de territoire, de paysage et d’identité. Trois performeurs exécutent des chorégraphies mystérieuses dans le paysage, se déplaçant lentement en se déshabillant ou s’habillant progressivement pour révéler leur corps en métamorphose.
Ce projet multidisciplinaire et collaboratif a été réalisé dans le cadre d’une résidence d’une semaine au Parc régional des Grandes-Rivières, soutenue par une bourse de création du Conseil des arts du Canada et en partenariat avec le Parc régional des Grandes-Rivières.
Chorégraphie : Sarah Blid
Danse : Sara Hanley, Maria Kefirova et James Viveiros
Documentation vidéo : Marc-André Bernier
Bande sonore : David Ryshpan
Morceaux urbains, Karole BIRON
Morceaux urbains
Impression jet d’encre UV sur acrylique, Coupole de plastique, haut-parleur, amplificateur, lecteur média
290 x 48 cm
3 min 45 s
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Karole Biron explore notre relation aux espaces autant architecturaux, urbains que privés. Elle utilise des objets, des images et des installations pour susciter une réflexion sur le temps, l’espace, le mouvement, et notre façon de les percevoir. Ses projets, parfois immersifs, jouent sur l’accumulation, l’amplification de détails et les contrastes visuels, tout en portant une attention particulière aux processus créatifs.
Morceaux urbains est une œuvre installative initialement composée de centaines d’images de bouches d’égout et d’éléments de voirie. Cette accumulation de détails décontextualisés souligne leur présence visuelle banale dans le paysage urbain, tout en les transformant en des symboles graphiques. À ces sigles visuels s’ajoutent des bandes sonores dans lesquelles on entend les pas d’un marcheur sur des surfaces de parcours urbains à Québec et à Sao Paulo. Les bruits, les matières et les obstacles des déplacements sont captés au niveau du sol par l’entremise de souliers déformés par des cailloux. Cette œuvre invite à réfléchir sur notre corps et notre expérience de la ville à travers nos sens, notamment en mettant en évidence la texture sonore et visuelle du sol et de l’environnement urbain.
Les coins ronds – étude 15, François MATHIEU
Les coins ronds – étude 15
Bois laqué (frêne, érable, érable ambrosia, chêne, noyer noir) et bronze
21 cm x 21 cm x 12 cm
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
La démarche artistique de François Mathieu célèbre la présence physique des objets et le plaisir de créer, de déconstruire et de recommencer. En se concentrant sur la forme de la sphère dans ses œuvres récentes, il explore les dômes, coupoles et autres objets ronds au moyen de matières et d’échelles variées, privilégiant l’expérimentation et le jeu. Dans son travail, il explore également des questions poétiques, en liant et en opposant les matériaux et les formes.
L’œuvre Les coins ronds est issue des recherches, aussi bien sur la forme que sur les matériaux, effectuées par Mathieu ces dernières années. Dans l’œuvre, la forme en bois est sculptée à même un bloc composé de différentes essences. Son expérience en art public a conduit l’artiste à explorer le bronze comme matériau, développant des techniques pour mouler ses sculptures en bois. Il intègre désormais le bronze à ses œuvres, illustrant son intérêt pour les mariages de matériaux nobles et recyclés.
Séduction tropicale, Isabelle DEMERS
Séduction tropicale
Pyrogravure et aquarelle sur papier
99 cm x 74 cm
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Isabelle Demers crée des écosystèmes autonomes, mêlant végétal, animal et minéral dans un état à la fois figé et dynamique. Ses œuvres prennent la forme de peintures, de dessins, de sculptures ou encore d’installations. À travers ses œuvres, l’artiste développe un récit par l’accumulation et le renouvellement d’images, combinant science, artisanat et esthétique.
Demers utilise la pyrogravure pour inscrire ses bestiaires dans la matière et intervient à l’aquarelle pour illustrer ses végétaux. Ses œuvres sont travaillées en couches et elle prend soin d’y laisser des indices pour que le public puisse s’y créer un récit.
L’espace-temps, Benoît BLONDEAU
L’espace-temps
Peinture sur tissus cousus et faux-cadre de bois rigide
45 cm x 45 cm
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Benoît Blondeau utilise des matériaux recyclés pour construire des tableaux ou des sculptures. Ses œuvres découlent de ses rencontres accidentelles avec la matière. Résultant entre autres d’un travail avec la peinture et le tissu, ses œuvres présentent différents motifs et formes, créant plusieurs jeux de perception. L’artiste utilise aussi le textile pour la charge émotionnelle dont il est empreint, rappelant notamment le ludisme, l’enfance et l’univers domestique.
Boston City Hall, Mylène MICHAUD
Boston City Hall
Coton, laine et acrylique
343 cm x 122 cm
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Mylène Michaud utilise le textile en tirant parti de sa richesse historique et symbolique, tout en mettant en avant la matérialité distinctive de la fibre. En fusionnant les techniques artisanales avec les outils technologiques contemporains, l’artiste transpose des données virtuelles en formes matérielles à travers des tricots élaborés basés sur des images satellites du territoire. Cette recherche interroge la relation entre le pixel et l’image, le fil et le tissu, en créant un langage artistique où tradition et modernité se rencontrent.
Dans cette œuvre, Michaud explore les caractéristiques de l’architecture brutaliste, particulièrement la mise en avant de la structure. Elle représente l’hôtel de ville de Boston, typique de ce mouvement architectural. À partir d’image tirée de Google Maps, elle reproduit au tricot jacquard une image street view du bâtiment, dont la distorsion est amplifiée par les angles de vue du logiciel. En souhaitant opposer les particularités de l’architecture brutaliste et celle du tricot jacquard, l’artiste choisit de présenter l’œuvre à l’envers, pour laisser paraître les fils dépassant du motif tricoté.
L’œuvre a été conçue pour l’exposition Brutalisme Parallèle, commissariée par Péio Eliceiry et diffusée dans les espaces de L’Œil de Poisson et de VU à l’été 2023.
Confluences, Érika HAGEN-VEILLEUX, Andrée LEVESQUE SIOUI et Jeffrey POIRIER
Confluences
Laine naturelle québécoise 3 brins (technique du fléché́ canadien français et du chevron universel tressé aux doigts), gypse, bois et peinture
96 cm x 488 cm x 30 cm
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Dans le cadre de l’exposition Yahndawa’ : Portages entre Wendake et Québec (2022), Jeffrey Poirier, Andrée Levesque Sioui et Érika Hagen-Veilleux se sont unis pour créer une œuvre monumentale faisant écho aux forces inhérentes de la nature et des rencontres. Remodelée pour les besoins de la Collection Méduse, l’installation fait directement référence à la thématique de l’exposition qui l’a vue naître, la rivière (Yahndawa’ en wendat).
Le monolithe réalisé par Poirier est traversé par un immense fléché, tressé à la main par le trio, dont la technique fut enseignée à Poirier et Hagen-Veilleux par Levesque Sioui dans le cadre du projet Yahndawa’. Cette technique traditionnelle est un point de rencontre des cultures wendate et québécoise : les ceintures fléchées furent historiquement pour les Canadiens français des objets de traite et également des objets de parure chez la Nation wendate.
Entre la géométrie rigide du dispositif et la souplesse de la laine, un contraste fort se manifeste, qui réinvente les références au milieu aquatique. En effet, le collectif s’est inspiré du dynamisme de l’eau et de la géologie pour traduire de façon abstraite les mouvements, tant de la nature que des communautés. C’est aussi une référence à ce qu’on peut voir et ce qui est caché, à l’image de notre perception des milieux aquatiques. De par ses couleurs, ses motifs et sa forme, le fléché est un clin d’œil poétique au processus de cocréation qui a donné naissance à l’œuvre.
L’œuvre a été exposée à L’Œil de Poisson en 2022.
Wampum-vitrail #3, Nicolas RENAUD
Wampum-vitrail #3
Wampum : perles cubiques de coquillage de trochus, perles cylindriques de coquillage de palourde, billes de cristal, cuir d’orignal et fil à pêche de nylon
10 x 40 cm
Deux caissons lumineux : jet d’encre sur papier backlit
19 x 170 cm
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Wampum-vitrail #3 fait partie d’une série d’œuvres inspirées d’un wampum wendat conçu en 1678 à la mission jésuite de Lorette, près de Québec. La première installation de la série fut présentée à L’Œil de Poisson en 2022, au sein de l’exposition Yahndawa’.
Les wampums jouent un rôle politique et spirituel important pour diverses Nations autochtones du nord-est du continent. Leur sens est encodé dans des pictogrammes formés par des perles cylindriques violettes et blanches, taillées dans des coquillages marins. Sur celui de 1678 se lit cependant une prière en latin dictée par les missionnaires : VIRGINI PARITURÆ VOTUM HURONUM (« Vœu des Hurons pour la Vierge qui va enfanter »). Les Wendats (« Hurons ») convertis en firent don à la cathédrale de Chartres en France. Ce wampum est bordé de piquants de porc-épic tressés et teints en rouge, et les matériaux des perles poursuivent la tradition : palourde pour les violettes et buccin pour les blanches. Toutefois, des billes de verre noires et blanches, d’origine européenne, y ont aussi été insérées. Nicolas Renaud perçoit dans cet objet une forme de syncrétisme où résiste une vision du monde wendat derrière la rupture catholique. Il observe notamment que le mot « Huronum » est le seul ne comptant aucune des billes étrangères, signifiant peut-être une démarcation identitaire. En caissons lumineux, il reproduit leur configuration comme un possible code secret, qui garde son mystère, mais suggère une intentionnalité au-delà des mots écrits, dans les matériaux et les principes du wampum.
Le wampum suspendu à la fenêtre combine à son tour coquillage et verre, avec des matériaux non traditionnels tout en incluant des cylindres de palourde, dont les lignes violettes évoquent une croix disloquée. La forme au centre reprend le symbole ancien du « Feu du Conseil », cœur politique de la Nation où les paroles de tous et toutes peuvent « s’unir en une voix ». De chaque côté, le double motif joue sur la réversibilité d’un autre pictogramme ancestral, à la fois hache et calumet. Pour l’artiste, cette coexistence du guerrier et du diplomate renvoie aujourd’hui aux exigences de la décolonisation. Par le rétroéclairage et les couleurs, les trois éléments de l’installation conjuguent une nostalgie du jouet Lite-Brite avec des références aux vitraux de Chartres. Nicolas Renaud y cherche des voies de reconnexion à la pensée de ses ancêtres wendats, tout en articulant les dualités de l’identité mixte.
#4096 de la série Exsiccatae, Bill VINCENT
#4096 de la série Exsiccatae
Peinture, collage, papier, bois, brûlures et cadre en fer
81 cm x 61 cm
Collection Méduse (acquisition 2022)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins, Nicole Simard et Arthur Plumpton.
Installé à Québec depuis 1975, Bill Vincent s’intéresse au passage du temps, ainsi qu’aux questions liées à la mortalité et à la mémoire. L’artiste a réalisé, au cours des deux années de pandémie, une série de peintures nommée Exsiccatae.
Empreinte de pessimisme et d’impuissance, la vanité en histoire de l’art fait référence à ce qui ne dure pas. On y retrouve la mort, la vie, le temps et la condition éphémère des matières. Intéressé par ce phénomène, Vincent réalise des études de plantes.
La peinture #4096 présente une fleur, que l’artiste a d’abord fait sécher et pressée, pour ensuite la photographier sur une boîte lumineuse. En inversant les couleurs de la photographie, qui lui sert d’ailleurs de modèle pour ses peintures, Vincent produit un effet surprenant semblable à une radiographie vaporeuse. En effet, sa transparence laisse entrevoir tous les détails cachés à l’œil nu, comme les veinures et le cœur, radiant. Avec son herbier, Vincent partage toute la délicatesse de la matière, tout en soulignant la forme organique et son immortalisation par la peinture. Car si la fleur disparaît un jour, son image subsiste et, du coup, devient le souvenir d’une vie passée. À l’image d’un memento mori (« souviens-toi que tu es mortel » en latin), l’œuvre hyperréaliste de Vincent rappelle que tout a une fin et qu’il est impossible de l’éviter.
Fucus no. 1, Alissa Bilodeau
Fucus no. 1
Aluminium
53 cm x 41 cm x 10 cm
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Guidée par le concept d’habitat en écologie, Alissa Bilodeau élabore des sculptures et des installations textiles autour du travail de la fibre et des métaux.
L’œuvre Fucus no. 1 évoque un organisme marin florissant qui se déploie, reflétant la fascination de Bilodeau pour la prolifération des organismes envahissants. Initialement réalisée au crochet, la sculpture est ensuite coulée en aluminium selon la technique de la cire perdue. Ce procédé permet à l’artiste de transcender les frontières du textile et de pérenniser son œuvre, tout en conservant la souplesse et l’empreinte distinctive de la fibre textile.
DECADE 2018-2022, Amélie Laurence FORTIN
DECADE 2018-2022
Plaque de cuivre, deux bâtons de cuivre, quatre crans d’arrêt en caoutchouc, panneau de mousse rigide, deux excitateurs de son, amplificateur avec manette, carte SD avec fichier sonore de 10 minutes et câblage sonore et électrique
100 cm x 86,6 cm
10 min
Collection Méduse (acquisition 2023)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Amélie Laurence Fortin crée des récits futuristes, dans lesquels les objets témoignent des actions passées ou futures. Ses récents projets sont l’occasion d’interroger les bouleversements technologiques actuels, tout en privilégiant une approche formelle radicale, monumentale et performative. Une approche où des récits fictionnels féministes opaques, de même qu’une ambiguïté installée entre la technique et le magique, créent une émergence de l’aléatoire.
En science acoustique, le son est un mouvement vibratoire, périodique ou quasi-périodique, simple ou composé, de fréquence fondamentale et de timbre déterminé, consistant en une perturbation dans la pression, la contrainte, le déplacement ou la vitesse des ondes matérielles qui se propagent ensemble ou isolément dans un milieu élastique, et capable de provoquer une sensation auditive. (Source: CNRTL)
DECADE 2018-2022 met en évidence la physique du son de deux manières différentes : par la prise sonore d’impacts de roches lancées sur une surface de glace fraîche sur l’île du Svalbard (Norvège) et la diffusion de cette piste sonore sur une plaque de cuivre et de foamcore. Cette œuvre, par la richesse de l’enregistrement et aussi par le choix des matières pour transmettre le son, crée une nouvelle orchestration du paysage. Dans le mode de présentation initial, la surface réfléchissante du cuivre enrichissait l’expérience sonore en reflétant les vibrations de la lumière sur le sol, révélant ainsi la temporalité de la lumière dans l’espace architectural. Par la diffusion d’une œuvre sonore mettant en avant les bruits des glaciers qui se détachent, sur une plaque métallique brillante comme un soleil, DECADE 2018-2022 crée une opposition symbolique entre le paysage nordique idéalisé et la réalité de sa disparition accélérée.
Dactyles – Larus III, Amélie PROULX
Dactyles – Larus III
Porcelaine, glaçure
38 x 55 x 55 cm
Collection Méduse (acquisition 2024)
Cette œuvre a été acquise grâce à la générosité de Desjardins.
Le travail d’Amélie Proulx explore la métamorphose perpétuelle du vivant. Elle s’intéresse particulièrement à la faune et à la flore, notamment aux oiseaux vivant en milieux urbains. Utilisant des techniques issues des métiers d’art, elle repousse les limites de la matière en laissant place à l’imprévu. Son approche transcende l’aspect artisanal de la céramique. Ses œuvres témoignent d’une fragilité émouvante, à la limite entre la rationalité et l’intuition.
La série Dactyles – Larus a été réalisée en assemblant des centaines de pattes de goélands dans des contenants. Les pattes d’oiseaux, moulées individuellement et assemblées droites, subissent une transformation lors de la cuisson. Sous l’effet de la chaleur extrême, elles commencent à fusionner, à ramollir et à s’affaisser, prenant un aspect organique moins contrôlé. Ce processus capture un moment précis où la porcelaine change de forme, suggérant une tension entre l’organique et l’inorganique, ainsi qu’une perte de contrôle sur le résultat final, reflétant les thèmes de métamorphose et d’imprévu chers à l’artiste. Le contenant, quant à lui, est moulé sur un seau en plastique, choisi pour sa présence courante dans l’atelier de l’artiste et sa ressemblance à un pot de fleurs. À l’opposé des pattes d’oiseaux, les matériaux et la température du moulage du seau sont parfaitement contrôlés, et la finition du résultat rappelle alors le plastique, bien qu’il soit en porcelaine.